Des solutions et stratégies innovantes pour permettre à l’Etat de financer les projets de développement
16 févr. 2025FINANCEMENT DES ECONOMIES
En marge de la cérémonie de présentation du plan de financement de l’Etat pour l’exercice 2025, présidée par le Ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le 13 février 2025 à Douala, la Direction Générale du Trésor, de la Coopération Financière et Monétaire a organisé des échanges thématiques sur le thème central : « La mobilisation de l’épargne locale pour financer les projets de développement ». Trois axes de solutions et des stratégies d’incitation ont été évoquées pour explorer les nouvelles opportunités dans la perspective de favoriser l’inclusion financière comme vecteur de mobilisation des populations non bancarisées dans le financement des projets de développement.
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Dans la stratégie nationale de diversification des instruments de financement, en 2024, le Cameroun a été présent aussi bien sur le marché monétaire de la BEAC que sur le marché financier international. Cette double intervention a permis de mobiliser sur le marché monétaire 1 153,93 milliards FCFA, soit une augmentation de 20,4% par rapport à l'année précédente. Malgré que ce succès reste relatif au regard des contraintes et obligations qui s'imposent au Trésor Public, un constat s'impose toutefois : les taux de souscriptions continuent de baisser. Il est passé de plus de 200% à moins de 50%. Ce marché semble être abandonné aux seules banques qui sont saturées par les titres publics. Pour preuve, la Caisse de Retraite de la Banque Centrale (CRBC) illustre l’engagement de ces investisseurs institutionnels. Avec 235,18 milliards FCFA d’actifs sous gestion à fin 2023, elle détient une part importante de son portefeuille en titres publics, représentant 72,32% de ses actifs. Toute chose qui nécessite de diversifier la base des investisseurs, en attirant davantage d'acteurs institutionnels et individuels. Car la mobilisation de l’épargne locale constitue un levier stratégique pour le financement du développement du Cameroun et permet au pays d’asseoir sa souveraineté. « Un pays qui mobilise son épargne nationale est un pays qui se finance souverainement, sans dépendre des vents incertains de la conjoncture internationale. », a souligné Louis Paul Motaze, le Ministre des Finances. Et d’ajouter : « Nous avons le devoir de démocratiser l'accès à l'épargne, de faire en sorte que chaque citoyen, chaque petite entreprise, chaque acteur économique puisse, par un simple clic sur son téléphone, investir dans les obligations de l'État et participer activement à l'édification de notre pays ».
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Elargissement de la palette des investisseurs institutionnels
Loin d'être de simples échanges de courtoisie, les discussions thématiques organisées en marché de la cérémonie de la présentation du plan de financement de l’Etat pour l’exercice 2025 par la Direction Générale du Trésor, de la Coopération Financière et Monétaire (DGTCFM) ont permis d’explorer des pistes de solutions concrètes sur trois axes fondamentaux : - Le rôle des investisseurs institutionnels, - La digitalisation du mode de souscription des titres publics, et - L’inclusion financière comme vecteur de mobilisation des populations non bancarisées. Tout en questionnant ce le faible intérêt des autres potentiels investisseurs institutionnels n’est pas lié : - à la perte de confiance, - à l’assèchement de leur trésorerie, - à une politique fiscale peu incitative, il a été demandé au secteur des assurances (qui compte : 27 sociétés d’assurance dont 17 pour la branche « dommages » et 11 pour la branche « vie » ; 03 sociétés de réassurances ; 22 bureaux de change ; 187 courtiers et 136 agents généraux ; 42 experts techniques en évaluation des sinistres ; 345 mandataires salariés des compagnies d’assurance ; 157 mandataires salariés des courtiers ; 80 mandataires des Agents Généraux et 123 mandataires non-salariés), aux Caisses de dépôt, et Caisses de prévoyance à s’impliquer dans le financement de l’économie nationale et de la sous-région. Ce d’autant plus que leur participation au marché des titres publics assure la stabilité financière et le développement économique, notamment en fournissant une source de financement stable et prévisible. Par ailleurs, il a été proposer que les secteurs d’activités se regroupent en Caisses de retraite et que le marché monétaire de la CEMAC devra opter pour des émissions de titres de maturité plus longue allant de 15 à 20 ans.
La mobilisation de l’épargne populaire, notamment de petits épargnants à travers la digitalisation des souscriptions a été l’autre axe exploré de financement de l’économie par des outils modernes. Mme Nelly Chatue Diop, PDG de la Fintech Ejara a montré les atouts de s’appuyer sur les plateformes de paiement digitaux déjà existantes à l’instar des fintechs et aux moyens de paiements mobiles pour fluidifier le potentiel du processus de souscriptions des titres publics par fractionnement de 1 000 FCFA. Elle dira que son potentiel présente plus de 26 millions de comptes mobile money pour plus de 1 000 milliards FCFA d'épargnes informelles inexploitées. Et le Directeur Général de MTN MoMo, Alain Claude Nono de faire remarquer que l’industrie de paiement enregistre plus de 200 000 milliards de FCFA de transactions financières par mois (qui ne sont pas des revenus a-t-il préciser), pour une épargne de 300 milliards de FCFA par mois seulement pour son établissement. Malgré ce potentiel, il est donné de constater que moins de 0,01% des Camerounais investissent dans les titres publics. Pourtant, bien structuré ce serait avec 12 millions de Camerounais en âge d'investir, qui représentent un potentiel de mobilisation d’au moins 500 milliards FCFA /an, soit plus de 50 milliards de FCFA pour la première année a soutenu la PDG de Ejara. Preuve que ce marché florissant représente un atout significatif pour la collecte de la petite épargne. Dans cette optique, l’intégration de la blockchain dans les processus de souscription aux titres publics est envisageable comme un facteur clé pour garantir la transparence et renforcer la confiance des épargnants. Par conséquence, les acteurs appellent à la levée des contraintes. « Il faudrait qu’on ait beaucoup d’accompagnement côté réglementation. Il est temps que tous les accessoires réglementaires que ce soit la BEAC, la COBAC et la COSUMAF s’asseyent pour comprendre l’importance que cela représente aujourd’hui de mobiliser de l’épargne en dehors des ressources bancaires », a indiqué Mme Nelly Chatue Diop, PDG de la Fintech Ejara.
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L’impératif révision du cadre réglementaire
Les Etablissement de Microfinances (EMF) aussi espèrent que l’autorité monétaire assouplisse la réglementation pour permettre 410 établissements que compte ce secteur de contribuer à l’inclusion financière et au micro-investissement. Puisque les EMF sont en contact direct avec les petits épargnants et peuvent jouer un rôle décisif dans l’élargissement de la base des investisseurs. Il est donc impératif de leur permettre de détenir des titres publics, au même titre que les banques. Et pour cause, depuis 2010, les réformes visant à développer le marché des titres publics au Cameroun ont privilégié les banques, au détriment des EMF. Cette orientation a eu pour effet de restreindre l’accès de ces derniers au marché des titres publics, notamment en raison de ratios réglementaires contraignants qui limitent leur appétit pour ces instruments financiers. Le Directeur Général du Trésor, de la Coopération Financière, Sylvester Moh Tangongho va prendre l’engagement de transformer les fruits de cette réflexion en action concrète : « Il y a la nécessité d’adapter nos produits financiers aux exigences, d’assouplir certaines contraintes réglementaires et proposer des instruments attractifs et la digitalisation du mode de souscriptions des titres publics qui apparait désormais comme une vérité incontournable. A cet effet, le Ministère des Finances par ma voix s’engage en liaison avec les acteurs du marché à œuvrer pour la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire afin d’encourager l’épargne et l’investissement du citoyen dans les projets de développement nationaux ».
Mathieu Nathanaël NJOG
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