Les revendications des transporteurs trouvent des solutions effectives et partielles
05 déc. 2024CORRIDOR DOUALA-BANGUI
Suite à l’attaque d’un camion de transport marchandises ayant conduit à l’assassinat du chauffeur et l’enlèvement de son convoyeur, le Ministre des Transports camerounais, Jean Ernest Masséna Ngallè Bibèhè, a reçu son homologue le Ministre des Transports et de l'Aviation Civile de la République Centrafricaine, Herbert Gontran Djono Ahaba, le 02 décembre 2024 à Yaoundé. Les autorités gouvernementales des deux pays ont effectué le 03 décembre une descente à Garoua-Boulai, ville frontalière entre le Cameroun et la Centrafrique pour rencontrer les syndicats des Transporteurs aux fins d’obtenir la levée du blocage du trafic sur le corridor Douala-Bangui.
Depuis le 18 novembre 2024, les transporteurs du corridor Douala-Bangui observent un arrêt d’activité à la suite de l’attaque armée d’un camion camerounais dans la bourgade de Boali, située à 60 Km de Bangui, en territoire centrafricain. a reçu une balle dans le thorax, ce 18 novembre 2024. Attaque qui aura entrainé le décès par balle du chauffeur Camerounais, Mohamadou Awalou et l’enlèvement de son assistant qui sera maintenu en captivité pendant plusieurs jours dans les conditions inhumaines (tortures, détention dans des camions frigorifiques, avant son transfert à la Gendarmerie de Boali). Depuis lors, tous les camions ravitaillement sont stationnés dans toutes les villes frontières entre le Cameroun et la Centrafrique (Garigombo, Kentzou, Garoua-Boulaï, Cantonnier) suite au mot d’ordre lancé par des syndicats des transporteurs qui en ont profité pour exiger des solutions aux nombreuses tracasseries qu’ils subissent sur le long dudit corridor. Une paralysie pour l’économie centrafricaine. Une situation qui va obliger le Ministre des Transports et de l’Aviation Civile (MINTAC) de la République Centrafricaine, Herbert Gontron Djono Ahaba d’effectuer un déplacement à Yaoundé où il a été reçu le 02 décembre 2024 par son homologue camerounais le Ministre des Transports (MINT) Camerounais, Jean Ernest Masséna Ngallè Bibèhè. Après avoir fait le tour de cet incident tragique et dramatique, les deux membres du gouvernement des deux pays (Cameroun et RCA), ont décidé d’effectuer une descente à Garoua-Boulaï à la frontière Cameroun-RCA le 03 décembre dernier pour une séance de travail avec les syndicats des transporteurs en grève. L’objectif visait à obtenir l’arrêt du mouvement de grève qui avait bloqué le trafic sur le corridor Douala-Bangui depuis le 18 novembre 2024.
Au cours de cette assise qui s’est tenue à Garoua-Boulai, les deux membres du gouvernement étaient accompagnés par le Gouverneur de la région de l’Est, du Préfet du département du Lom et Djerem, du Sous- Préfet de l’Arrondissement de Garoua-Boulai, du Maire de Garoua-Boulai, du Coordonnateur du Bureau de Gestion du Fret Terrestre (BGFT), et les responsables des syndicats des transports routiers. Poursuivant les échanges de la veille à Yaoundé entre la délégation centrafricaine qui était composée du MINTAC qu’accompagnait l’Ambassadeur de la Centrafrique au Cameroun et la délégation camerounaise conduite par le MINT qu’entourait tous ses plus proches collaborateurs, les échanges ont porté essentiellement sur les neuf (9) revendications contenues dans la correspondance adressée par les syndicats des transporteurs routiers au Premier Ministre, Chef du Gouvernement de la République du Cameroun, le 22 novembre 2024, pour justifier leur mouvement d’humeur sur le corridor Douala-Bangui.
Les 9 des exigences des syndicats des transporteurs routiers
Il s’agissait de : - Le non-respect par les Etats de la libre circulation des biens et des personnes; - Les multiples contrôles tracassiers sur le tronçon Cantonnier-Béloko ; - Le paiement des frais de 25 000 FCFA d'escorte en aller et retour sur le territoire centrafricain; - Le paiement de l'amende forfaitaire pour le pont bascule; - La sécurisation des chauffeurs camerounais dans les convois; - Le rapatriement du corps du défunt; - L'ouverture d'une enquête sur l'assassinat du conducteur camerounais; - La libération et le rapatriement de l'apprenti-chauffeur; - La remise du véhicule, à l'origine de cet incident à son propriétaire. Après les échanges de toutes les parties prenantes, alors que la veille les deux ministres avaient trouvé des accords sur trois des neuf revendications, séance tenante, ils ont avec les autres parties fait un pas supplémentaire pour apporter les solutions à quatre des neuf revendications. Principalement, la mise à disposition aux autorités camerounaises de la dépouille du défunt pour inhumation, l’ouverture d’une enquête, la libération du convoyeur détenu et la remise du véhicule. Mais aussi : - l'ouverture d'une enquête sur l'assassinat du conducteur camerounais (en cours par la justice centrafricaine) ; - la libération et le rapatriement de l'apprenti-chauffeur par un vol prévu ce mardi 03 décembre 2024, à l'aéroport International de Douala, grâce aux diligences entreprises; - la remise du véhicule à l'origine de l'incident au Représentant du BGFT à Bangui. Concernant les cinq (05) autres préoccupations, des engagements fermes ont été pris par les membres du Gouvernement des deux pays. Notamment sur le point relatif au non-respect par les Etats de la libre circulation des biens et des personnes. Pour laquelle, les deux Ministres ont marqué leur ferme volonté de continuer à travailler ensemble pour garantir la libre circulation des biens et des personnes sur leurs territoires respectifs, telle que prônée par les Chefs d'Etats de la CEMAC.
Ils se sont également engagés fermement à œuvrer pour la suppression des frais de visas aux frontières d’un montant de 2 000 FCFA, qui vraisemblablement ne s’appuie sur aucune base légale. Sur les points épineux, relatifs aux multiples contrôles et tracassiers entre les localités de Cantonnier et Béloko, ainsi que la sécurisation des chauffeurs camerounais dans les convois, le Ministre centrafricain a rassuré l'autre partie des dispositions prises par son Gouvernement afin de renforcer les mesures de sécurité de tous les convois sur le territoire centrafricain. En ce qui concerne les frais d'escorte de 25 000 de FCFA en aller et au retour, payés sur le territoire centrafricain, le Ministre des Transports de la République Centrafricaine a apporté la clarification sur l'origine et l'emploi de ces frais qui constituent une contrepartie payée par les transporteurs pour la prise en charge des forces de sécurité assurant l'escorte, et dont la nécessité a été reconnue pour la protection des marchandises et des personnes. Toutefois, il a pris l'engagement de réduire ces dits frais pour le tronçon retour à hauteur de 10 000 FCFA. Pour ce qui est du paiement de l'amende forfaitaire pour le pont bascule, cette problématique ne se pose pas dans la partie camerounaise du corridor. En revanche, la partie centrafricaine a estimé que cette revendication n'est pas fondée au regard des dégâts considérables causés sur son patrimoine routier par les camions qui sont systématiquement en surcharges. Toutefois, elle a indiqué que des discussions sont en cours pour confier la gestion des ponts bascules à un organisme privé afin de mieux assurer la protection du patrimoine routier, des ressources générées et garantir la sécurité des transports sur les routes de la République Centrafricaine.
Un consensus qui sauve l'avenir du corridor Douala-Bangui
A l’issue de ces deux jours de travail, les deux délégations pays ont recommandé l'organisation des réunions d'évaluation périodiques au sein de la Commission Technique Mixte des Transports pour veiller au suivi et à la mise en œuvre des différents engagements. Ils ont obtenu des syndicats des transporteurs routiers, à l’unanimement, la levée du blocage du trafic sur le corridor Douala-Bangui et du démantèlement immédiat des barrières illégales érigées à la frontière. Les Ministres en charge des Transports de la République du Cameroun et de la République Centrafricaine ont rendu une visite à la famille du regretté chauffeur ainsi abattu par un tir dont les auteurs ne sont pas encore identifiés. Toutefois, il a rappelé que le rapatriement du corps du défunt a été effectué depuis le 21 novembre 2024; et la libération puis le rapatriement de l'apprenti-chauffeur a été annoncé au cours des échanges pour être effectif par un vol prévu ce mardi 03 décembre 2024, à partir de l'Aéroport International de Douala, grâce aux diligences qui avaient préalablement été entreprises. Le Ministre des Transports et de l’Aviation Civile (MINTAC) de la République Centrafricaine, Herbert Gontron Djono Ahaba, chef de la délégation centrafricaine a remercié très sincèrement les autorités camerounaises pour leur hospitalité et les dispositions prises ayant abouti à la résolution de cette crise. Les partenaires sociaux des transports quant à eux, ont chaleureusement remercié les Ministres des deux pays de l’intérêt qu’ils ont accordé à leurs préoccupation, après le drame survenu, et à la résolution prompte de leurs préoccupations.
Mathieu Nathanaël NJOG
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