Le Ministre de la Décentralisation recadre le DG de la société HYSACAM
27 sept. 2024GESTION DES ORDURES DANS LES METROPOLES
La cérémonie d’inauguration du Centre de Transfert des Déchets de Youpwe à Douala, le premier en Afrique Centrale, construit par la Communauté Urbaine de Douala, s’est déroulée le 25 septembre 2024 sous la présidence du Ministre de la Décentralisation et du Développement Local et le Ministre de l’Habitat et du Développement Urbain. Une occasion pour les différentes parties prenantes de magnifier cette infrastructure, mais aussi de faire dans l’autoglorification quelque peu débordante à l’instar du Directeur Général de la société HYSACAM. Ce qui a suscité de la part de la tutelle des Collectivités Territoriales Décentralisés un rappel à l’ordre.
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Face à la présence récurrente des immondices des ordures ménagères dans les artères des cités urbaines où opèrent la société d’Hygiène et de Salubrité du Cameroun (HYSACAM) qui détient plus ou moins le monopole, les environnementalistes ont appelé de tous leurs vœux à l’instauration de la concurrence dans la gestion de l’enlèvement des ordures qui essaiment les communautés urbaines. C’est ainsi qu’en collaboration avec les communes d’Arrondissement, les Communautés Urbaines à l’instar de Douala et Yaoundé pour ne citer que ces quelques-unes ont institué une collecte de proximité dans les quartiers où les grands camions de la société HYSACAM ne peuvent aisément accéder. Cette pré-collecte a le mérite d’assainir d’autres acteurs et d’impliquer les populations à la gestion des ordures ménagères. Après un plu plus de deux années d’expérience, cela n’a pas résolu l’épineux problème de l’amoncellement dans les voiries urbaines comme des objets de décorations nauséabonds et nauséeux, les gros tas d’immondices qui essaiment ces villes et surtout les capitales politiques et économiques du Cameroun qui devraient servir de vitrine, notamment aux alentours des bacs posés par la société HYSACAM qui débordent très souvent au point où cette décoration hideuse des ordures ménagères s’épanchent jusqu’à couper certaines routes. Une pré-collecte que le DG de la société HYSACAM reconnait le rôle «afin d’éviter que les ordures ménagères pour ne pas remonter des bas-fonds vers les principaux axes urbains. Ce qui réduirait fortement la dégradation visuelle du paysage urbain et augmenterait les coûts de la collecte».
Le rapport d’évaluation des activités de la Communauté Urbaine de Douala (CUD) au 30 juin 2024, indiquait l’enregistrement pour le compte de la collecte classique d’un total global de 24 1633 tonnes de déchets dépotés et traités à la décharge de Nyalla PK10 contre 265 330 tonnes à la même période en 2023. Soit une baisse de 9,81% pour le compte de la collecte classique et 10 150 tonnes de déchets issus de la pré-collecte. A cela s’ajoute les déchets issus des activités de curage de caniveaux et de drains et les opérations de Douala clean city et du programme Emploi jeunes d’un total de 81 727 tonnes lors des opérations d’hygiène et de salubrité dans la ville. Toutefois, il y ressort que le manque de communication sur l’activité de pré-collecte crée la confusion entre leurs activités et celles d’HYSACAM. Non sans déplorer la démobilisation de la logistique de la société HYSACAM qui n’était qu’à peine à 48% de la mobilisation du matériel roulant nécessaire la collecte. Mais aussi en indiquant également que les entreprises de pré-collecte se sont beaucoup renforcées ces dernières années en acquérant de la logistique qui leur permet aujourd’hui de contribuer efficacement au ramassage des ordures.
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Le plaidoyer du DG d’HYSACAM
Tout en reconnaissant que nos grandes métropoles sont aujourd’hui confrontées au défi majeur de l’Hygiène et de la salubrité, un aveu de ce tableau peu reluisant de la collecte des déchets dan dans les villes urbaines, le Directeur Général de la société HYSACAM, Jean-Pierre Ymele soutient que «Si la problématique de la propreté urbaine est devenue crucial, c’est en notre sens l’indication qu’il y a un problème de fond qui n’est pas bien adressé. Et il importe de formuler clairement ce problème pour éviter les voies de garage que certains présentent comme des solutions magiques et miraculeuses». A titre d’illustration, la production des ordures ménagères croit chaque année de 25 000 tonnes à Douala et 20 000 tonnes à Yaoundé. Rappelant que pendant que ces villes croissaient, les ressources financière consacrées à l’activité ont baissée. «On peut donc comprendre les difficultés que vivent nos villes aujourd’hui», argue-t-il. Non sans établir un parallèle entre des villes similaires dans des pays de revenu identique. Prenant exemple de Kigali dont la propreté est saluée dans le monde entier pour dire qu’il consacre un budget de 10 milliards de FCFA par an avec une population de 600 000 habitants, simplement pour l’hygiène et la salubrité publique et pour une production d’ordures ménagères de moins de 500 tonnes par jour. Abidjan que nous connaissons et avons apprécié la qualité de propreté pendant la dernière CAN consacre près de 47 milliards de FCFA par an à la propreté de la ville, avec une population d’environ 5 millions d’habitants, pour une production de 4 000 tonnes d’ordures ménagères par jour.
En revanche, Douala consacre un peu moins de 10 milliards de FCFA par an et Yaoundé encore un peu moins avec des populations estimé à près de 4 millions d’habitants. Faites le ratio par habitant et vous verrez que Kigali dépense 10 000 FCFA par habitant par an, Abidjan 75 00 FCFA, Douala et Yaoundé environ 25 00 FCFA seulement. Le DG de la société HYSACAM va aussi évoquer a mené une méta-étude de l’ONU-Habitat qui a projeté la production des déchets dans les plus grandes métropoles du monde sur 50 ans et a fait une estimation des prix moyens qu’il faudra consacrer dans ces villes là si on veut qu’elles soient propres. Pas moins de 20 milliards de FCFA dans la ville de Douala et environ 15 milliards de FCFA dans la ville de Yaoundé. Plus encore, il s’est étonné qu’on ait introduit des prestataires pour effectuer la pré-collecte. Estimant que dans ce contexte d’insuffisances, certains viennent à proposer qu’on remplace «leur candidat plus expérimenté, plus équipé naturellement et humainement en l’occurrence HYSACAM par des candidats débutants, sans matériel, sans potentiel humain au motif que HYSACAM serait dépassée. C’est dans l’espoir que ces candidats sans moyens, sans camions, sans compétences produiraient des miracles. C’est un peu comme si nous choisissons de confier notre malade qui a besoin d’une opération chirurgicale à un aide-soignant plutôt qu’à un médecin-chirurgien expérimenté. HYSACAM, c’est 55 ans d’expériences», s’offusquera-t-il.
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Une réponse appropriée
En réplique, et sans concession le Ministre de la Décentralisation et du Développement Local (MINDEVEL), Georges Elanga Obam va marteler : «Je voudrais vous inviter que cela vous en déplaise, vous aurez à faire face à la concurrence c’est une chose. La deuxième, vous ne choisirez pas la concurrence, elle sera la concurrence parce qu’elle sera présente. Il importe donc pour vous dès à présent, de vous préparer à l’affronter. Vous ne déciderez pas les règles du jeu. C’est l’Etat qui les définit et vous devrez vous adapter… Il importe dès à présent également à vous préparer». Quant à la comparaison faite, il va «J’ai écouté avec beaucoup d’attention, le DG de la société HYSACAM, qui a fait une série de comparaison sur les moyens qui sont mis à disposition par le Collectivités Territoriales Décentralisées d’un certain nombre de pays pour les rendre propre. Je voudrais considérer que l’argent n’es pas tout, l’argent n’est pas suffisant, on aura jamais dans les volumes les proportions qu’on souhaite». Toutefois, le MINDEVEL va confirmer que «les moyens ne sont pas suffisants, mais les gens travaillent pour améliorer cette question. Et il y a une cellule qui a été mise au point lors de nos assises et les taux ont été revalorisés et puis à date à en provisions, des ressources pas suffisantes, mais importantes pour trouver un commencement de solutions des ordures ménagères». Avant de conclure : «Je voudrais vous interpeller pour vous recommander qu’au-delà des capacités financières, qui ne sont pas suffisantes et je l’agrée, à aménager la qualité de votre management. Parce que vous pourriez y faire de très grandes économies, vous pourriez innover en beaucoup de manières et en beaucoup de matières, pour travailler avec beaucoup d’efficacités et avec le niveau de moyens que vous avez aujourd’hui». Faisant applaudir à tout rompre les dirigeants des entreprises de prestataires chargées de la pré-collecte : BUILPABUSCO, GENELCAM et CAMEROUN ALERT SYSTEM qui assurent depuis quelques jours le retrait des ordures dans les conditions certes difficiles sur les axes principales pourtant prédestinées à travailler dans les quartiers à l’accès difficile par les camions d’HYSACAM.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal L'Essentiel du Cameroun
Article publié dans le journal Le Quotidien
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