AFFAIRE Me JOËL ETOKE

La cousue résidence du 1er Président de l’Assemblée Général de la Chambre des Notaires du Cameroun, Me Joël Etokè sise à la rue Pau est aujourd’hui un champ de ruine. Détruite neuf jours avant l’expropriation sauvage des populations du village de Bali-Dikolo. Etait-ce prémonitoire ? Ainsi, le retraité a été jeté dans la rue comme un vulgaire hors-la loi avec la complicité des autorités administratives, judiciaires et policières.

Qui veut chasser les autonomes de la ville de Douala de leurs terres ? Les expropriations de Me Joël Etokè (Notaire retraité) de son domicile comme un malpropre et celle des populations de Bali-Dikolo en l’espace de neuf (9) jours d’écart dénotent de la détermination des prédateurs fonciers de s’accaparer aux forceps les terres des autochtones en utilisant leur puissance financière et leurs relations dans la haute administration. La somptueuse résidence de Me Joël Etokè (sise à la rue Pau, face de l’ancien Bureau des transports) est depuis le 29 avril 2022 dans un état lugubres d’un bâtiment sur lequel s’est écrasé les obus d’un missile Kurdes. Le 27 avril 2022 vers 08h30, Me Towa, Huissier de Justice a fait une descente musclée sur les lieux en compagnie d’une forte escouade des éléments de la GMI N°2 de Douala pour exécuter une expédition d’expulser datant de la mi-2013 avec l’onction du Procureur Général et de la caution du Préfet du Département du Wouri. Seulement, en octobre 2013, l’opération avait fait l’effet d’un pétard mouillé. Me Etoke Joël s’y était opposé en présentant une décision de justice qui annulait cette expédition. Etant toujours valable, les policiers seront laissés en faction. 24 heures plus tard, Me Ejangue Felix, Conseil du Notaire Me Etoke, va mettre à profit ce recul pour saisir le Procureur Général près de la Cour d’Appel du Littoral et le Préfet du département du Wouri sur l’illégalité de cette démarche. Malgré cette démarche précautionnelle, les acquéreurs-commanditaires décident de faire un passage en force. Le 29 avril 2022, le dispositif des Forces de maintien de l’Ordre est renforcé avec une artillerie lourde avec un effectif d’une centaine d’éléments, armes d’assaut aux poings et des bombes lacrymogènes qu’ils ont fait exploser pour disperser la foule. «A cela va s’ajouter une ambulance dont la présence laissait présager une déterminer d’atteindre leur objectif par tous les moyens même s’il fallait arriver à la mort d’homme en cas de résistance», confie un témoin.

Comme à Bali-Dikolo

C’est ainsi que les pelleteuses vont se déployer pour détruire cette somptueuse villa qui embellissait le centre commercial de Douala-Akwa. Une résidence occupée depuis 1931 par les parents et par la suite par Me Joël Etoke. Les commanditaires parmi lesquels on cite : Kamga Salvador (Feyman de grande réputation), Etienne Tiako (opérateur économique qui a été cité dans l’affaire de détournement à la Sonara), Sylvestre Ngounchingue (propriétaire de la chaine des chambres froides Congelcam) et la sénatrice Marie-Claire Moampea (de la Région de l’Est), s’étant rendus compte qu’ils ont mis la charrue avant les bœufs, vont engager une procédure en régularisation, auprès du juge de référé, mais ont été déboutés le 08 août 2022 par le Tribunal de Grande Instance (TGI) du Wouri. Qui va déclarer la procédure non fondée. Le rapport d’expertise a évalué à 1,7 milliards FCFA les dégâts causés par la destruction de cette résidence. Curieusement, neuf (9) jours plus tard, ce sont les populations du village Bali-Dikolo, situé à un jet de pierre qui vont aussi faire les frais d’une autre expropriation sauvage qui ne va laisser ni l’opinion publique, ni les autorités au sommet de l’Etat indifférentes. Les élites Sawa s’étonnent que certains noms des prédateurs fonciers, commanditaires de l’expulsion militarisée de Me Etokè soient aussi cités dans l’expropriation sauvage du village Bali-Dikolo. Les conseils de Me Etokè ont déposé une nouvelle plainte au TGI du Wouri avec constitution de partie civile. Et des correspondances sous fond de saisine ont été adressées au Président de la République ; au Ministère de la Justice, Garde des Sceaux ; Le Ministre de l’Administration Territoriale ; et à la Délégation Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) pour dénoncer comment sous le pouvoir de l’argent, les autorités administratives, judiciaires et policières camerounaises « ont versé dans un gangstérisme étatique mémorable pour satisfaire des intérêts privés ». A la surprise générale contre un auxiliaire de la justice, Me Joël Etokè, septuagénaire, Notaire en retraite, ancien président de la Chambre Régionale des Notaires du Littoral et 1er Président de l’Assemblée générale des Notaires du Cameroun. Qui plus est, n’a pas acquis ce terrain par achat ce qui pourrait faire prospérer le soupçon d’un acte délictueux, mais l’a hérité de ses parents qui y vivaient depuis 1931.

L’Etat de droit bafoué

Il faut rappeler qu’en octobre 2013, Après avoir démoli complétement la concession jouxtant de la famille Kouoh, les gros bras engagés pour les besoins de la cause par Me Towa, Huissier de justice requis en remplacement de Me Embolo qui s’était désistée pour expédition non appropriée, ne vont pas pouvoir mener l’expulsion de Me Joël Etoke de son domicile jusqu’à son terme. Malgré la mise à contribution des agents d’une société de gardiennage appuyée par des éléments de la Gendarmerie. Ils feront face à une opposition de la famille de Me Etoké qui avait bénéficié du soutien des usagers de la Rue Pau à Akwa. Une situation qui l’obligera à vivre retranché pendant quelques mois. La pomme de discorde dit-on, part d’un litige foncier portant sur près de 7 000 m2 dont son cousin Ebenezer Motassi Dikonguè qui se réclame propriétaire, va vendre en catimini aux prédateurs fonciers qui veulent s’approprier des parcelles se situant sur des positions stratégiques de la cité capitale économique. Seulement l’acte d’expulsion s’adressait à feue Mme veuve Etokè Eitel (mère de Me Joël Etoké), décédée il y a une vingtaine d’années et non M. Me Joël Etokè. Cette affaire qui date des années 1970 porte sur le titre de propriété, TF 6055W d’une superficie de 2757 m2. Qui fait l’objet de deux prénotations et de deux procédures judiciaires l’une au civil et l’autre au pénal.  Le 26 février 2013, le TGI du Wouri avait condamné Ebenezer Motassi Dikonguè à un an de prison ferme, avec mandat d’arrêt à l’audience et à payer 700 millions de FCFA à Joël Etokè à titre de dommages et intérêts et 35 millions de FCFA pour les frais de justice. C’est pour contourner cette perte de propriété prétendue que feu Ebenezer Motassi Dikonguè, avant sa mort en 2016, va vendre la parcelle de 7 000 m2 qui englobait sa propriété familiale, celle de la famille Kouoh et de Me Etoke. Alors qu’on croyait que les procédures judiciaires en instance vont finir par trancher définitivement ce litige foncier, et que le pénal prenait le dessus sur le civil, les opérateurs économiques acquéreurs chez M. Ebenezer Motassi Dikonguè vont user par des voies de faites pour entrer en possession de la dernière parcelle du terrain dont ils n’avaient pas accès. Ce qui fait dire à la communauté Sawa avec le cas de Bali-Dikolo qu’«à cette allure, nous sommes tous en danger. Il ne s’agit pas de l’affaire d’une personne, mais du devenir de la justice et de l’État de droit au Cameroun». Et d’ajouter : «A qui le tour ? ». Avant de conclure : «Non seulement, ils vont restituer, dédommager les victimes, mais la prochaine fois, ils vont trouver tous les Sawa débout comme un seul ».

Mathieu Nathanaël NJOG

 

 

 

Retour à l'accueil