NOTRE ENQUÊTE

BRIGADE DE GENDARMERIE DE LOUM

Après une nuit de détention, le prévenu Pong Lydo, 18 ans, soupçonné de vol a été retrouvé dans une position de pendu dans la cellule où il a été sorti deux heures plus tôt pour récupérer son goûter des mains de son frère aîné. Cette tragédie entretient une vive polémique qui ne fait accorder aucune présomption d’innocence aux gendarmes de cette unité.

D’après les témoignages concordants, le jeune Pong Lydo, 18 ans, a été extrait de sa cellule dans la matinée du dimanche 11 septembre 2022 par deux fois. Une première fois pour rencontrer le Commandant de Brigade de Gendarmerie de Loum, l’Adjudant-Chef Bernard Samson Makongo qui l’a rencontré pour vérifier les aveux que l’enquêteur affirmait avoir obtenus et une seconde fois aux environs de 08 heures lorsque son frère aîné Tso Divine est venu lui donner son petit-déjeuner. Seulement après avoir fait face au refus de l’un des deux gendarmes de garde, d’échanger avec son frère et après l’avoir informé qu’il sera déféré devant le Procureur de la République près du Tribunal de Première Instance (TGI) de Mbanga le lendemain, le frère aîné pris de panique a alerté la famille du sort de leur enfant qui se retrouver en prison dès le lendemain. C’est alors que leur père va lui demander d’aller chercher le plaignant pour souscrire à l’arrangement à l’amiable qui leur avait été proposé en début de cette affaire. Elle consistait à payer la somme de 180 000 FCFA pour éviter toute plainte. Une sollicitation à laquelle, la famille n’avait pas souscrit parce que le fils incriminé va de manière catégorique clamer son innocence.

Près de 2 heures après, les parties se retrouveront à la Brigade de Gendarmerie de Loum pour finaliser un arrangement à l’amiable. Seulement au moment de l’extraction de la cellule du prévenu Lydo, le gendarme Tiwa va annoncer la triste nouvelle. Immédiatement, le Commandant de Brigade qui avait quitté la ville pour aller accompagner son fils à Mbanga et le Procureur de la République ont été alertés et une descente a été aussitôt effectué avec la présence du médecin légiste pour faire les prélèvements d’usage afin d’établir le certificat du genre de mort. Par la suite, la dépouille a été mise à la morgue de Loum. Mais pour la famille du défunt et les populations de la ville, il reste plusieurs zones d’ombre qui font planer des doutes sur ce drame. Pourquoi se serait-il pendu alors qu’il savait que la famille se cotisait pour payer la contrepartie réclamée par le plaignant et obtenir sa libération. Surtout qu’il devait avoir dans son téléphone 25 000 FCFA envoyés par sa mère et un de ses oncles? Comment va-t-il réussir tout seul à se faire accrocher à une latte sur laquelle était posée la tôle et située à près de 4 mètres du sol et sans aucun véritable issu pouvant lui servir comme escabeau à l’exception d’un trou d’aération de 15 cm x 30 cm situé à 2m du sol ? Où a-t-il trouvé le tee-shirt qui visiblement était le sien alors qu’il a été dépouillé de tout vêtement et autre objet à l’exception du bermuda qu’il portait avant d’avoir été jeté en cellule ? Pourquoi avoir attendu cet incident tragique pour mettre le plafond dans cette cellule alors qu’il y a des précédents qui auraient pu conduire à ces travaux ? Pourquoi avoir interdit la presse d’effectuer toute prise de vu de la dépouille lorsqu’elle était encore accrochée sur son anneau de pendaison ? Pourquoi le plaignant a quitté la ville ?

Rappel des faits

Dans la nuit de mardi 7 au mercredi 8 septembre 2022 où a eu lieu le vol, des malfrats vont condamner de l’extérieur les targettes des portes des différents logements de la mini-cité située au quartier Manigwassa Bloc 7. Selon la famille de la victime, il dormait cette nuit avec un oncle de passage. Lorsque ce dernier va vouloir sortir dans la nuit pour déverser son trop plein, il va constater que la porte est condamnée de l’extérieur. Pong Lydo va simplement lui demander de se soulager dans une bouteille en plastique et de ne pas chercher à savoir davantage car cela présage une opération suspecte des malfrats. C’est au levée du jour que les portes desdites maisons seront déverrouillées par des voisins appelés à la rescousse. C’est alors que le plaignant va constater que sa cargaison de carburant de contrebande de 400 litres a été dérobée. Les premiers soupçons sont portés sur le jeune Lydo qui trainait une triste réputation de plèbe qui le précédait puisqu’il était accusé d’avoir déjà préalablement dérobé chez le plaignant une bouteille de gaz domestique et un Uffer (Appareil musical). Après un avertissement des parents du prévenu, le plaignant et le quartier vont menacer de le passer à la vindicte populaire. C’est grâce à l’intervention du Chef du Bloc 7, S.M. Mgatak Magloire Blaise que Lydo sera conduit à la Brigade de Gendarmerie. Après les joutes interminables, les gendarmes vont renvoyer le plaignant d’aller mieux se pourvoir. Ce qu’il fera en déposant la plainte le jeudi 8 septembre 2022. Une convocation sera adressée au principal accusé le vendredi 10 septembre 2022. Convocation qu’il ne répondra pas. C’est alors que la disposition sera déployée pour l’interpeller le samedi 10 septembre 2022. Ce qui sera fait aux environs de 05 heures du matin. Après avoir passé une journée devant l’enquêteur le Marché de Logis, Issoki, c’est à 19 heures qu’il lui sera signifié sa garde à vue et sa détention à la cellule où il va décéder dans les conditions troubles.

Mathieu Nathanaël NJOG

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