DROIT DE l’HOMME

L’Ong Un Monde Avenir et les organisations partenaires ont rendu public le vendredi 12 août 2022 le 2è rapport trimestriel de l’année sur la situation des droits humains. Occasion d’interpeller les journalistes et le Gouvernement à une collaboration plus étroite afin de ne pas toujours céder le flan à la pression internationale afin de réagir.

La situation des droits humains des mois d’avril, mai et juin 2022 selon l’équipe rédactionnelle s’inscrit dans un contexte de crise socio-politique et sécuritaire toujours tendu dans plusieurs régions du pays. Sur cette période, le monitoring de la situation sur l’ensemble du territoire national fait état de plus de 300 personnes tuées, plus de 170 personnes enlevées avec demande de rançon et plus de 30 cas d’incendies enregistrés. L’équipe a également documenté et reporté au moins 04 cas d’arrestations illégales, 06 cas de violation des libertés d’expression, de presse, de réunion et manifestations publiques. A l’instar, de la répression des manifestations des personnes vivant avec un handicap, précisément les malvoyants qui ont été arrêtés puis enfermés pendant des heures au Commissariat n° 1 de Yaoundé le 27 juin 2022. Précisant que le Collectif des malvoyants se rendait dans les services du Premier Ministre avec un certain nombre de revendications parmi lesquelles le respect des dispositions légales en lien avec l’intégration dans la fonction publique des personnes vivant avec le handicap. Par ailleurs, le rapport relève que le Cameroun fait face à une situation de vie chère liée à la l’augmentation des prix de certains produits et denrées de première nécessité sur le marché. Une situation supplémentaire qui alarme les populations.

Des chiffres peu reluisantes 

En guise de récapitulatif, entre Janvier et Juin 2022, le rapport indique que dans les régions du NOSO, de l’Extrême-Nord et les autres régions, il a été enregistré globalement au moins 427 personnes tuées soit respectivement 323, 94 et 10; au moins 285 personnes ont été enlevées avec demandes de rançons, soit 264, 20 et 01 ; au moins 44 cas d’incendies soit respectivement 37 et 07 ; au moins 73 cas de violences basées sur le genre soit respectivement 48, 07 et 18. Le rapport a aussi mis un accent sur les affaires en instance et qui n’ont pas connu des avancées significatives. Soit parce qu’elles sont parce qu’elles sont pendantes devant les juridictions, soit parce que les procédures piétinent, soit parce qu’elles sont dans l’attente de leur enrôlement. C’est le cas de l’affaire Ngarbuh dans laquelle trois (3) éléments des forces de défense et de sécurité Dix-sept (17) membres d’un groupe d’autodéfense et un ancien combattant séparatiste ont également été inculpés, mais ils se trouvent toujours en liberté. De l’affaire,  Amadou Vamoulke qui est toujours en détention provisoire depuis cinq (5) ans. Concluant que la détention de l’ex directeur de la CRTV est arbitraire.

Recommandations

Il y a aussi l’affaire  Samuel Wazizi  Ajiekah Abuwe Aka disparu alors qu’il était en détention dans les cellules des forces de défenses et sécurité à Yaoundé. Annoncé pour mort, les conclusions d’une hypothétique l’enquête ne sont pas rendues publiques. La dépouille n’a pas été remise à la famille pour qu’elle fasse le deuil. Et de constater qu’aucune suite judiciaire n’a été donnée à cette affaire. Et aussi l’affaire des militants du MRC pour laquelle une centaine de personnes ont été condamnées pour avoir ou non manifesté pacifiquement le 22 septembre 2020. L’appel interjeté depuis janvier 2022 ne connait pas d’évolution. A cet effet, Me Felix Agbor Balla du Centre for Human Rights and Democracy in Africa (CHRDA) présentant les recommandations de l’équipe de rédaction à appeler à : - Libérer toutes les personnes non violentes arrêtées et détenues dans le cadre des crises que connaît le Cameroun (crise anglophone, lutte contre Boko Haram, tensions sociopolitiques post élection présidentielle 2018) ; - Initier des dialogues réguliers à tous les niveaux (local et national) pour rechercher les voies et moyens afin de résoudre les différents problèmes suscités par les différentes situations de crise ; - Autoriser les organisations non gouvernementales à enquêter et se déployer en toute liberté dans les zones où les violations des droits humains ont été commises ; - Modifier les textes qui organisent le Conseil supérieur de la Magistrature pour renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis du pouvoir exécutif ; - Rendre effectivement indépendante la Commission des droits de l’Homme du Cameroun au niveau financier et dans sa latitude à produire des rapports qui ne soient pas politiquement orientés ; - Faciliter l’accès sur le terrain des conflits aux organisations humanitaires ; - Revoir la législation camerounaise en matière foncière en l’adaptant afin de l’harmoniser aux besoins actuels.

Mathieu Nathanaël NJOG

Retour à l'accueil