EXPROPRIATION DE DIKOLO – BALI

Le déguerpissement barbare et précipité des cent familles résidant sur le site de Dikolo ne cesse de révéler au fil des jours des incohérences et incongruités notoires qui cachent un dessein inavoué des bourreaux qui se passent pour des pseudo-investisseurs d’un hôtel Marriott 5 étoiles avec la complicité des autorités gouvernementales très haut placées.

Au moment où nous allions sous presse, le Préfet du Département Wouri, Benjamin Mboutou a convoqué le Chef supérieur du Canton Bell et ses notables pour une réunion le mardi 24 mai 2022 dans les services du Gouverneur de la région du Littoral afin d’examiner la question « des indemnisations et la requête des personnes concernées ». Curieux, lorsqu’on sait que lors des meetings foraines qui ont été organisés avant et après les démolitions, aussi bien à la Chefferie supérieur du Canton que sur le site, les autochtones et résidents  ont été catégoriques sur la position selon laquelle, il n’est aucunement question pour eux de céder leurs terres, voir même percevoir les indemnisations évoquées. « Nous ne vendons pas nos terrains. Nos terrains ont une histoire », clame urbi orbi le notable Ntonè. Soutenant mordicus que les listes des indemnisations jusqu’ici brandies ne portent le nom d’aucun propriétaire de titre foncier ou de titre de propriété. Mieux encore, alors que le porte-parole du pseudo-fonds d’investissement, qui projette de construire un hôtel de Marriott de 5 étoiles,… a fait une sortie après les démolitions pour soutenir que le projet porte sur 90 milliards de Dollar (environs 4,5 milliards FCFA), soit 60 milliards de dollars (environ 3 milliards FCA) pour la construction dudit hôtel Marriott et 30 milliards de dollars (1,5 milliards FCFA) pour l’achat d’un terrain de 2ha, le message porté du Préfet par d’une superficie de 4ha 05a 32 ca. On est à se demander qu’elle est la superficie exacte du projet ? Et à qui seront destinés les 2 ha supplémentaires ? Et un crime n’étant pas parfait disent les fin limiers des enquêtes policières, il localise le site à Besseke-Bali. Or les victimes du déguerpissement forcé du 14 mai 2022, qui ont vu toute une vie, toute une histoire et toute une culture détruite ne cesse de relever cette confusion pour clamer que leur site est le village Dikolo par Bali et que Besseke est sur l’autre versant du pont Joss est à Akwa.

Les victimes déterminées à faire toute la lumière sur cette mafia foncière qui a des ramifications jusqu’au somment de l’Etat ont poussé les recherches pour constater que e Groupe Marriott Hôtels n’a aucun projet de construction d’un quelconque hôtel au Cameroun et encore moins en Afrique Centrale. Lors de l'Africa Hotel Investment Forum à Addis, le 23 septembre 2019, le Président Directeur Général, Moyen-Orient et Afrique, Marriott International, Alex Kyriakidis, avait déclaré qu’ils envisagent renforcer « son engagement envers l'Afrique en annonçant qu'il prévoyait d'ajouter 40 enseignes et plus de 8 000 chambres à travers le continent d'ici la fin de 2023. La société a également annoncé la signature 'accords pour ouvrir sa première enseigne au Cap-Vert et étendre sa présence en Éthiopie, au Kenya et au Nigeria ». Avant d’ajouter que ; « Marriott continue également de voir des opportunités de croissance pour ses marques de luxe et prévoit de doubler son portefeuille de luxe en Afrique d'ici la fin de l'année 2023, avec plus de dix nouvelles ouvertures dans les marques The Ritz-Carlton, St. Regis, Luxury Collection et JW Marriott. La société prévoit également de lancer W Hotels en Afrique avec l'ouverture de W Tanger au Maroc ». Cette prédation foncière que certains situent en 2007 et le Chef supérieur du Canton Bell en 2015 est émaillée des actes administratifs contradictoires. C’est ainsi l’Arrêté du 17 avril 2015 déclare d’utilité publique le site de construction d’un hôtel Hilton Douala sur une dépendance du domaine national et public sur une superficie de 04ha 05a 32ca au lieu-dit Besseke quartier Bali dans l’Arrondissement de Douala 1er. Un arrêté établi en faveur de la Société d’immigration et Busines Canada. (SIBC).

A la suite de plusieurs recours de la Chefferie supérieur du Canton Bell, un 2è Arrêté du 14 août 2018 déclare d’utilité publique pour la réalisation des travaux structurants mais cette fois-ci sur une superficie de 02ha 03a 34ca. Cet arrêté est renforcé par un 3è Arrêté du 14 mars 2019 et une nouvelle fois change de superficie et redevient 04ha 05a 32ca. En 2020, intervient un Décret 2020/0004 du 29 janvier 2020 portant expropriation pour cause d’utilité publique et incorporant le domaine privé de l’Etat d’une superficie de 02ha 03a 34ca. Après avoir relevé toute cet imbroglio administratif qui se perd elle-même en conjecture sur la nature et la superficie du site, les victimes brandissent les dispositions de la Déclaration sur les Droits des peuples autochtones qui stipulent en ses articles 9 et 10 que : « Les peuples autochtones en peuvent être enlevés de force sur leurs terres ou territoire. Aucune réinstallation ne peut avoir lieu sans le consentement préalable. Doné librement et en consentement de cause des peuples autochtones concernés et un accord sur une indemnisation juste et équitable, et lorsque cela est possible la faculté de retour ».

Mathieu Nathanaël NJOG

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