VENTE DE BOLLORE AFRICA LOGISTICS

Après une tentative infructueuse de négociation à l’amiable avec la Direction de Bolloré Africa Logistic pour le paiement des droits des employés de Bolloré Transports and Logistics du Cameroun et Socopao, les deux parties sont devant l’inspection du travail depuis le 16 mai 2022. La récente sortie du DG du Groupe MSC, Diego Aponte, à Jeune Afrique, vient confondre les arguments de défense présentés par le Directeur régional de BAL Golfe de Guinée,  Serge Agnero.

Suite à la confirmation de la vente à 100% des actifs de Bolloré Africa Logistic au consortium italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC), les employés de Bolloré Transport and Logistics (BTL) et SOCOPAO Cameroun par le biais de leurs délégués du personnel, réclame le paiement de leurs droits avant la modification de leur contrat de travail et le paiement d’une prime de participation à la vente. Ceci conformément à l’article 42 la loi portant Code du Travail. Ce d’autant plus que dans les deux entreprises, Bolloré était actionnaire majoritaire respectivement à hauteur de 83% et à 87%. Face au refus de la Direction générale du Groupe Bolloré monde par la voix de Cyrille Bolloré qui soutenait qu’«Il n’est pas prévu de fusion avec MSC. [Et] Il n’y aura pas de changement dans nos organisations au Cameroun », les délégués du personnel ont saisi l’inspection du travail le 9 mai 2022 pour « sollicitation d’avis et d’arbitrage sur l’application de l’article 42 du Code du Travail camerounais ». Après la première confrontation qui a eu lieu le 16 mai 2022 à la Délégation Régionale du Travail et de la Sécurité Sociale du Littoral, il avait été demandé aux deux parties d’aller se pouvoir avec les arguments et les éléments permettant d’asseoir les différentes positions. Les parties ont déposé leurs conclusions le 25 mai, 48 heures avant la seconde confrontation qui avait été prévue le 27 mai.

Une défense alambiquée

Au cours de cet arbitrage dirigé par l’Inspecteur de travail N°7, le représentant de BTL et SOCOPAO Cameroun a fondé son explication sur le mémoire du Directeur régional BAL Golfe de Guinée, Serge Agnero. Non seulement dans laquelle, il reconnait que BTL et SOCOPAO Cameroun sont des sociétés de droit camerounais. « En effet, dans le principe de l’autonomie des entreprises dans un groupe de sociétés, les entités concernées ont une personnalité juridique distincte de la maison-mère, ainsi que leur patrimoine propre qui ne saurait être confondue », affirme-t-il, avant soutenir que : « il apparait au terme de l’analyse ci-dessus que l’application des dispositions de l’article 42 alinéa 1 [suscité] est conditionné par la modification de la situation juridique de l’entreprise et la poursuite de l’activités économiques ». Et d’ajouter que : « il est donc indéniable pour la suite de déterminer Si BTL Cameroun et SOCOPAO Cameroun filiale de BAL seront l’objet de leur situation juridique dans le cadre de la cession rappelée plus haut » Et de conclure que : « une analyse rigoureuse des contours juridiques de l’opération de cession projetée permet de conclure que les entités BTL Cameroun et SOCOPAO Cameroun ne connaitront pas dans leurs situation juridiques respectives ».

Pris dans son propre piège

Dans une interview accordée au Magazine panafricain, Jeune Afrique, Diego Aponte, le fils du Capitaine d’industrie Italo-Suisse, Gianluigi Aponte, qui a pris depuis 2014 les commandes de la compagnie maritime familiale, Mediterranean Shipping Company (MSC), a fait des révélations qui confondent la position coloniale et esclavagiste du Groupe Bolloré. Il va déclarer que : «Nous nous inscrirons dans la continuité de ce qu’a bâti Bolloré en Afrique ». Avant de poursuivre : «Nous allons continuer à gérer ces installations avec la volonté de servir au mieux nos clients dans toute leur diversité, en gardant BAL comme une société indépendante du groupe ».  Tout en reconnaissant qu’il y aura bel et bien un changement de statut juridique : « Nous allons conserver les effectifs ainsi que le management tel qu’il existe aujourd’hui, ce dernier devant juste rendre compte à un nouvel actionnaire qui s’appellera dorénavant Aponte et non plus Bolloré». Non sans préciser que cela va conduire à un changement de dénomination : « Une nouvelle marque va voir le jour à court terme, avec un nouveau logo qu’il est encore trop tôt pour divulguer ». Et  de conclure : « Mais nous n’avons pas l’intention d’intégrer BAL dans MSC, plutôt de trouver les synergies à mettre en place avec nos filiales pour éviter les doublons et les surinvestissements sur certaines installations ». Toute chose qui donne raison aux employés de BTL Cameroun et SOCOPAO Cameroun. Il reste que le gouvernement camerounais ne sacrifie pas les droits des 3300 employés répartis dans les sociétés CAMRAIL, SEPBC,  KCT, BLT et SOCOPAO. Parmi lesquels 800 employés appartenant BTL et SOCOPAO signataires de cette procédure pendant devant la juridiction sociale au profit des intérêts personnels. Surtout lorsqu’on sait que les responsables de l’administration camerounaise sont réputés à la fois de corrompus, dangereux, et déshumanisants.

Mathieu Nathanaël NJOG

 

 

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