MINESEC

Une grève nationale dans les secteurs publics de l’enseignement secondaire est en cours depuis lundi 21 février 2022. Son succès est mitigé. Onze griefs sous-tendent cet appel à la grève baptisé : « Craie Morte, on a trop supporté ».

Depuis lundi 21 février 2022, le secteur public de l’enseignement secondaire est en proie à une grève du personnel enseignant qui n’a pas connu un grand succès mais toutefois est plus ou moins respecté par les enseignants qui sont présents dans les salles de classes et les enceintes des établissements sans dispenser des cours. C’est la conséquence de l’échec de la concertation menée le vendredi 18 février 2022 à la Primature. Présidée par le Secrétaire général des services du Premier ministère, Séraphin Magloire Fouda en présence du Ministre des Enseignements Sécondaires, Pauline Nalova Lyonga, le Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale, Grégoire Owona, le Ministre d’Etat, Ministre de l’Enseignement Supérieur, Jacques Fame Ndongo, les Secrétaires généraux desdits ministères, le Directeur du Budget du Minifi, et les représentants des trois mouvements d’enseignants dans le but de désamorcer cette bombe. Seulement, les leaders ayant décidé de se faire représenter, il en ressort qu’en lieu et place d’apporter des solutions efficientes, les représentants de ce mouvement ont été rudoyés, accusés de vouloir déstabiliser le pays et de manière péremptoire qu’il est impossible de répondre favorablement à leurs doléances.

Tout part, le 15 février 2022, lorsque les mouvements dénommé : - Les Enseignants Clochardisés du Cameroun, - On a trop supporté, - et les Enseignants indignés adressent une lettre ouvert au Président de la République, S.E. Paul Biya avec en objet : «Lettre ouverte à Monsieur  le Président de la République du Cameroun concernant le mauvais traitement et la clochardisation des enseignants au Cameroun ». Dans laquelle, ils égrènent un chapelet de récriminations. Allant de l’absence de salaire automatique pour les enseignants intégrés. Ainsi, depuis près de sept ans, près 25 000 enseignants ne perçoivent qu’une avance sur solde représentant les 2/3 de leur salaire. Le 1/3 restant de complément de salaires et autres avancements représente un montant global de près de 181 milliards de francs CFA. Mais qu’elle n’est pas la crainte de ces derniers ne pas voir entrer en possession de leur solde lorsque parcourant la loi des finances 2022, il leur est donné de constater que l’Etat n’entend pas éponger cette dette puisqu’elle y a octroyé au Ministère des Enseignements Secondaires seulement une enveloppe de 31 milliards Fcfa. Très en deçà des revendications.

Pour les plus anciens, il est à constater que les avancements ne sont pas automatiques et les plus chanceux qui réussissent à l’obtenir, le doivent après moult tractations, non sans subir le chantage et se faire traire par la corruption rampante qui sévit au MINESEC qui déplume les postulants des pourcentages oscillant entre 20 à 30%, obligatoires pour pouvoir entrer en possession de leur dû. Les signataires dénombrent un peu plus de 90 000 actes d'avancement des enseignants qui sont en souffrance au MINSEC. A cela s’ajoute aussi, le non-paiement des primes d’évaluation, le non-paiement des missions et correction aux examens. « La preuve, à cinq mois des examens, l'OBC n'a pas encore payé les corrections de l’année scolaire 2020-2021 ». Pire, ils accusent le MINESEC et le MINFI refusent délibérément de respecter les textes en vigueur et usent des subterfuges tels que « les caisses de l’Etat sont vides » et les « enseignants sont trop nombreux ».

 

L’exaspération du corps enseignant

48 heures plus tard, soit le 17 février 2022, Les trois Collectifs des enseignants ont lancé un préavis de grève pour le 21 février 2022. « Si l'État veut tuer l'éducation par cette situation, nous allons l'y aider. Si rien n'est fait immédiatement pour résoudre tous ces problèmes, pas de cours jusqu'à nouvel ordre. Aucun cours dès lundi le 21/02/2022, aucune évaluation, aucune correction, aucun examen: Opération craie morte, on a trop supporté ! ». S’il est vrai qu’elle n’a pas été largement suivie, il n’en demeure pas moins vrai que le malaise est profond et la mise en application de ce mot d’ordre de grève dans les prochains jours. En réplique, les membres du gouvernement ont annoncé que seuls les compléments de solde seront payés les mois qui suivent ainsi que les frais de corrections des examens d'ici la semaine prochaine. Mettant à l’index les responsables de l’Office du Baccalauréat du Cameroun. Ce qui fait dire à ces mouvements des enseignants que « pour les avancements, rappel divers, et regroupement familial, ... il faut oublier ».

Au regard du rapport de cette concertation, les trois mouvements des enseignants ont décidé au regard de leur insatisfaction de maintenir le mot d’ordre de grève. Bénéficiant au passage le soutien le soutien du Syndicat des Enseignants du Cameroun pour l’Afrique (SECA) qui va au terme d’une réunion extraordinaire de son Bureau exécutif du 20 février 2022 déclaré dans un communiqué qu’elle juge pertinente et légitime les revendications et juge dilatoire les mesures prises par les membres du gouvernement présents. Et de dire : « La Seca apporte tout son soutien aux collectifs ayant lancé cet appel à la grève et invite tous les enseignants du Cameroun à suivre scrupuleusement cette grève car aucun enseignant n’est épargné par les revendications relevés par les Collectifs ». Et de conclure : « Enseignants, montrons au gouvernement que nous avons trop supporté ». En réplique, le MINESEC a exigé la présence de tous les enseignants dans leur établissement sous peine de sanction.

Mathieu Nathanaël NJOG

Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun

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