Le jeu trouble du Crédit Foncier bloque une sortie de crise pacifique
23 janv. 2022AFFAIRE LOGEMENTS SOCIAUX SICC
A la faveur de deux décisions de justice condamnant Mme Brigitte Soppo Ngalle, patronne de la société Southwest International Construction Corporation. le Crédit Foncier du Cameroun a voulu induire le Préfet du Wouri, Benjamin Mboutou en erreur. En obtenant une réquisition devant conduire à une double spoliation des 185 victimes de ce projet immobilier foireux. Heureusement la raison a prévalu.
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A la suite de l’imbroglio créé par le Crédit Foncier du Cameroun (CFC), le Préfet du Wouri, Benjamin Mboutou est de plus en plus préoccupé par cette affaire des logements sociaux aux allures d’une arnaque internationale de la société Southwest International Construction Corporation (SICC). Après avoir tenue une réunion sur le site le 19 janvier 2022, il a de nouveau convoqué les parties le mardi 25 janvier 2022 sur le site pour une autre réunion. Elle fait suite aux différents rebondissements et différentes résolutions et recommandations prises mais restées sans suite depuis que ce foireux projet s’est révélé être une vaste arnaque immobilière de grande envergure. C’est le cas de la dation en paiement des parcelles au prix de 50 000 Fcfa/ m2 en balance avec les apports déjà versés par les souscripteurs afin que les morcellements soient faits par parcelles bien définies et les Titres fonciers soient délivrés. Surtout qu’une trentaine des souscripteurs ont déjà élevé des constructions sur leurs parcelles.
Alors que l’implémentation de cette recommandation faite par le Ministre de l’Habitat et du Développement Urbain (MINHDU), Mme Célestine Ketcha Courtès en juin 2019 y est toujours attendue, les souscripteurs ont été surpris de répondre le 29 octobre 2021 à des convocations du Groupement de Gendarmerie Territoriale de Douala à la suite d’une réquisition obtenue auprès du Préfet du Wouri par le CFC qui se réclame désormais comme nouveau propriétaire du site à la faveur de deux décisions de justice, l’une condamnant Mme Brigitte Soppo Ngalle à lui payer la somme de 3,5 milliards FCFA investis dans le projet et dont la SICC n’a pas pu et n’est pas prête à honorer les engagements de remboursement. L’autre annule la cession du TF N° 46372/W de 8 hectares à la SICC par le CFC. Des décisions pas encore définitive et pour lesquelles la SICC a fait appel soutenant qu’elle avait versé une avance de 250 millions FCFA à la CFC et le reste devrait être retenu par le CFC dans le compte acquéreur des souscripteurs.
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Un coupable qui joue les innocents
Preuve s’il en était encore besoin que le CFC est co-responsable de la SICC dans l’arnaque dont ont été victimes les 185 souscripteurs du projet immobilier de 180 logements (clés en mains) de Mbanga-Bakoko dénommé « Communitry Garden I » lancé en 2010 par Mme Brigitte Soppo Ngallé épse Tsobgny, la promotrice de la SICC. Elle vendait la construction de 180 logements « haut standing » sur le site de 8 hectares de Mbanga-Bakoko par Yassa, lieu-dit Grande Trame sur une offre de trois types de logements pour un prix compris entre 26 376 240 FCFA et 46 901 663 FCFA, hors frais de souscription et autres frais notariés. Après une grande campagne de promotion, cette société convainc, entre 2010 et 2012, plus de 185 Camerounais de l’intérieur et de la diaspora à souscrire au projet mirifique et irrésistible.
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Les trois types de logements de trois chambres sont assortis des toilettes et d’une cuisine meublés. En plus, l’acquéreur devrait bénéficier en plus d’un réfrigérateur et d’une cuisinière. Le taux d’intérêt était de 7% lorsque le financement est souscrit via le CFC, y compris les frais d’assurance et notariés et à 0% lorsque le financement est directement versé à la SICC où les frais notariés et d’assurances sont non compris et à la charge de l’acquéreur. Le délai de livraison était de 12 mois. En 2016, soit quatre ans plus tard, lorsque aucune construction n’est ni livrée ni en vue avec un chantier arrêté au niveau de la viabilisation du site et de la séparation des 180 parcelles, le pot aux roses est mis à nu. Seules étaient visibles les trois maisons témoins que certains clients ont occupées au forceps avant de très vite décampés pour des raisons de sécurité du fait de la qualité approximative.
La seule villa témoin qui était encore débout s’est écroulé le 26 juillet 2021 sans que personne n'y est jamais vécu. Le moins que l’on sait est que cette affaire qui prend les allures d’un scandale d’Etat comme l’indiquait les prospectus, avait la caution de la SAD, la CUD, le CFC et le MINHDU à travers l’octroi de l’agrément qui a été retiré à la SICC en août 2021, et un partenaire «imaginaire» américain qui résidait en Floride comme caution respectivement du gouvernement américain et technique (qui devrait apporter des technologies innovantes avec les murs des maisons en panneaux insonorisant en polystyrène). Autant d’éléments probants qui avaient conduit le Préfet du Wouri a recommandé en accord avec les services du Cadastre, des Domaines du MINDHU, du CFC et de SICC que l'arrangement à l'amiable entre le CFC et la SICC se fasse rapidement pour annuler la procédure de mutation en cours afin de sauver les intérêts de toutes les parties prenantes.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun