CRISE SÉCURITAIRE

Le groupe de travail sur les Droit Humains a rendu son rapport du mois de novembre 2021. Il ressort que le Cameroun a continué d’être le théâtre des affrontements violents opposant les forces de défense et de sécurité aux membres de la secte Boko Haram dans l’Extrême – Nord d’une part, aux séparatistes dans le Sud – Ouest et le Nord – Ouest d’autre part.

Le rapport du mois de novembre 2021 sur les droits humains accorde une part belle aux crises sécuritaires qui secouent le Cameroun de l’intérieur sur ses frontières terrestres. Outre les conflits entretenus par les groupes djihadistes de la secte Boko Harama dans l’Extreme-Nord et les groupes séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, il a enregistré également de la persistance de la piraterie dans le Golfe de Guinée, des agressions de particuliers dans les grands centres urbains, du grand banditisme dans pratiquement toutes les régions. Pour faire remarquer que c’est « autant de situations qui créent un climat peu favorable à une amélioration significative de la situation des droits humains ». De manière chiffrée et sans être exhaustif, le groupe de travail que constitue l’Ong Un Monde Avenir et le mouvement Stand Up for Cameroun a recensé et traité au moins 79 situations violentes. Elles se répartissent en 32 tueries (incidents violents ayant entrainé des morts), 05 incendies, 08 explosions, 09 kidnappings, 23 incidents violents n’ayant pas entrainés de morts, 02 cas de violences basées sur le genre et 05 cas d’arrestations illégales. Au moins 53 personnes ont été tuées dont 34 dans la crise anglophone, 17 dans la lutte contre Boko Haram et 02 dans d’autres situations de violence. Et en termes de kidnapping, au moins 29 personnes ont été enlevés dont 14 dans le cadre de la crise anglophone et 15 dans la lutte contre Boko Haram.

 

Des situations de pourriture inquiétante

Le Groupe de Travail sur les Droits Humains dit avoir également relevé certaines situations graves qui laissent entrevoir des tendances lourdes pouvant devenir chaotiques si rien n’est fait. Il s’agit notamment : - La recrudescence des cas de meurtres occasionnés par les violences policières. A la suite de certains cas graves de tortures ayant entrainé des décès. A cet effet, il interpelle les autorités camerounaises pour que des enquêtes crédibles soient menées, les résultats rendus publics et les procédures judiciaires engagées pour rendre justice aux victimes. Mais aussi, le cas des cinq (5) délégués départementaux qui avaient été kidnappés et ne sont pas retrouvés à ce jour. Le groupe de travail réitère sa position, en demandant aux groupes séparatistes (ravisseurs) de relâcher sans préavis ni délai, les 05 fonctionnaires enlevés et les autres personnes kidnappées. Par ailleurs, il interpelle également les autorités pour qu’elles rendent publiques les informations dont elles disposent sur la situation de ces fonctionnaires ainsi que les initiatives entrevues pour obtenir leur libération. L’éducation n’est pas en reste avec l’impact de la crise dans le Nord - Ouest et le Sud - Ouest sur les enfants et l’école. Le rapport de novembre 2021 relève les attaques de plus en plus graves que connaissent les établissements scolaires avec leurs impacts sur les enfants. Il y a aussi le traitement dégradant et inhumain de Mme Antonette Kongsou Gohda, l’ex-compagne du général séparatiste « No Pity ». Courant ce mois, cette dernière était en détention et a dû accoucher en restant détenues de manière prévenue.

 

Des propositions concrètes

Non content d’enregistrer les exactions subies, le Groupe de travail a encore fait des propositions pour une sécurisation aussi bien des enfants que des écoles. Ainsi sur les violences et les bavures policières, il recommande aux autorités : - De rendre publics les résultats d’enquête sur les cas survenus dans le passé. Exemple du décès de jeunes filles Caro Louis Djalle et Brandy Tataw ; - d’ouvrir des enquêtes crédibles sur les drames récents tels que ceux de NZIMOU Bertin et d’en tirer toutes les conséquences judiciaires ;- de renforcer la formation et le recyclage des forces de l’ordre sur la déontologie et le respect des droits humains ; - d’assurer le strict respect des droits des prévenus durant les arrestations et les détentions ; - d’assurer des conditions de détention humaines et décentes pour les personnes arrêtées ; - de lutter plus efficacement contre la corruption et autres abus commises par les forces de l’ordre. Sur l’apaisement général du climat de tensions dans les zones en crise le Groupe de travail recommande les actions suivantes pour contribuer à décrisper la situation : - Libérer toutes les personnes non violentes arrêtées et détenues dans le cadre des crises que connaît le Cameroun (Crise anglophone, lutte contre Boko Haram, tensions sociopolitiques post élection présidentielle 2018) ; - Initier des dialogues réguliers à tous les niveaux (local et national) pour rechercher les voies et moyens de résoudre les différents problèmes suscités par les différentes situations de crise ; - Rechercher activement les conditions d’un cessez-le-feu avec les groupes armés pour ensuite engager des pourparlers de paix ; -Prendre véritablement en charge  et plus efficacement les besoins des populations en détresse durement frappées par les différentes crises. 

Mathieu Nathanaël NJOG

Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun

 

 

 

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