L’échec de reconstitution du clan Iya
15 déc. 2021LES GRANDS PERDANTS
A la faveur de la candidature très redoutée de Samuel Eto’o Fils, les anciens proches collaborateurs de l’ex-président Iya Mohammed et leurs affidés qui se réclament être ses héritiers, espéraient à la faveur de ces élections du 11 décembre 2021 de se reconstituer pour pérenniser leur mainmise sur le contrôle sans partage de la gestion de la Fédération Camerounaise de Football. Le coup a foiré.
/image%2F6688793%2F20211220%2Fob_42d800_whatsapp-image-2021-12-20-at-14-06-34.jpeg)
La victoire de Samuel Eto’o Fils à la présidence de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) est historique en ce qu’il a réussi ce qui était encore considéré aux yeux de l’opinion publique nationale comme impossible. Qui plus est, voir le président sortant de la FECAFOOT en position d’organisateur du processus électoral où il est candidat à sa propre succession perdre, était inimaginable. Le samedi 11 décembre 2021, l’une des légendes du football mondial et ancienne gloire des Lions indomptables, Samuel Eto’o Fils a réussi à relever ce défi. En se faisant élire sur un score éclatant de 43 voix contre 31 pour son rival Séidou Nchouwat Mbombo Njoya, président par intérim sortant. Une victoire extraordinaire et mémorable en ce qu’avant lui une autre légende du football mondial, Joseph Antoine Bell s’était essayé par deux fois (1995 et 2018) sans parvenir à ébranler cette forteresse malgré qu’il avait aussi la même ferveur populaire qui soutenait sa candidature. Tellement le système était verrouillé que même l’accession était sélective et curieusement répulsive, même pour les footballeurs et acteurs du football. Pour y accéder, il fallait être copté par le réseau « mafieux » qui avait réussi à faire main basse sur le contrôle de la gestion de la FECAFOOT. Ayant le droit de vie et de mort sur tout et tous. Passant de serviteurs de l’association dont les membres sont les propriétaires à roitelets voire même bourreaux de ces derniers.
Pourtant, le clan va éclater en 2015 lors de l’élection à la présidence de la FECAFOOT de Tombi à Roko Sidiki, le dernier Secrétaire général du président Iya Mohammed. Or deux années plus tôt en 2013, il avait fait chorus lors de l’élection de la présidence de la FECAFOOT en tenant une Assemblée générale élective reportée par le gouvernement et en faisant réélire Iya Mohammed placé sous mandat de dépôt provisoire à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui. Ceci à la suite des démêlées judiciaires en rapport avec sa gestion comme Directeur général de la Sodecoton. En 2018, malgré la chute et la mise à l’écart de Tombi à Roko Sidiki, le clan a réussi à se reconstituer par les membres du même clan qui avait été mis à l’écart sous l’éphémère magistère de ce dernier. Alors qu’on les avait qualifié d’ennemis jurés, la menace de la candidature de Samuel Eto’o Fils portée par la ferveur populaire les avait obligé de tenter une réconciliation pour faire front commun contre la candidature de l’ennemi commun du clan. Lui qu’on met à l’index d’avoir comploté pour l’incarcération de l’ex-président Iya Mohammed. C’est ainsi qu’on a vu Seidou Mbombo Njoya, alors 1er vice-président et intérimaire statutaire d’Iya Mohammed, Tombi à Roko Sidiki, Secrétaire général de la Fécafoot et Alim Aboubakar Konaté, président de la Ligue régionale de Football du Nord lors du processus électoral de la FECAFOOT de 2013, forcer une reconstitution de la vieille garde pour barrer la voie à l’audacieux et prétentieux Samuel Eto’o Fils.
En embuscade, tout le clan de 2013 espérait profiter de la reconstitution de ce noyau qui entendait se répartir les postes clés, respectivement de Président, Secrétaire général et 1er vice-président de la FECAFOOT pour ramener progressivement tout le clan de 2013. Mal leur en a pris, Samuel Eto’o Fils, l’enfant prodige a déjoué tous les pronostics et a réussi à s’emparer de la citadelle imprenable depuis 2000. Faisant au passage quelques dégâts collatéraux au sein de quelques affidés du clan des héritiers. Eux qu’on avait fait miroiter des avantages de nouveaux privilégiés. Ce sont en majorité des élus des Ligues régionales de football de l’Ouest, du Nord, du Centre, et de l’Asamaoua, e certainss présidents de clubs de la Ligue du football professionnelle (délégués à l’Assemblée générale ou non), des employés qui espéraient une ascension vertigineuse, des membres des commissions statutaires, des hommes et femmes des médias (journalistes et analystes sportifs) qui espéraient bénéficier d’un traitement de faveur. Samuel Eto’o Fils va-t-il mettre de l’eau dans son vin en évitant de faire comme ses prédécesseurs et certains de ses proches qui étaient hier dans l’équipe dirigeante de Seidou Mbombo Njoya, la chasse aux sorcières et des règlements de compte à tout vent. En tout cas, il s’est officiellement inscrit dans une démarche managériale de rupture avec ces vieilles méthodes totalitariste en se positionnant comme un rassembleur de la grande famille du football camerounais. En lançant cet appel : « Et à ceux qui ne m’ont pas accordé leurs suffrages qu’ils sachent que je respecte leurs votes. Néanmoins, je leur tends la main pour qu’ils prennent leur vraie place dans la dynamique de notre projet ». Pour peu que cela ne soit pas de la simple poudre aux yeux. Les jours à venir nous en diront.
Mathieu Nathanaël NOG
Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun