ELECTION DE LA FECAFOOT

Le samedi 11 décembre 2021 marque une date mémorable dans l’histoire du football camerounais. Elle marque l’élection de Samuel Eto’o Fils à la présidence de la Fecafoot. Une victoire souhaitée et rêvée, mais que la grande majorité n’imaginait pas possible.

Lorsqu’au moment du dépouillement le candidat Samuel Eto’o Fils atteint le cap de 38 voix, marquant la majorité absolue, et par ricochet sa victoire, lui-même ne va pas tenir sur sa chaise, le point levé il va exulter de joie, lançant simultanément un cri de victoire. Les délégués qui lui étaient acquis ne se retiennent pas, tous ou presque euphoriques, se jettent sur lui. Certains laissant couler des larmes chaudes de joie. Au sous-sol de l’hôtel Mont-Fébé où est situé le bar-restaurant, Mme Georgette Eto’o et certains de ses lieutenants qui suivaient le déroulement du scrutin devant le petit-écran en compagnie d’autres partisans du candidat Séidou ne font pas se faire prier pour commencer à exulter de joie lorsque le décompte va indiquer 31 voix pour Eto’o et 16 voix pour Seidou. Me Elamé, le conseil de Samuel Eto’o et Frank Happi l’un des membres de sa Team de campagne vont se fondre en larmes, pleurant de joie à gorge déployé. Les émotions étaient fortes. Leurs partisans n’ont pas pu les consoler pour suivre la suite du dépouillement. Ce sont les cris d’orfèvres de la victoire de Samuel Eto’o Fils qui venaient de partout qui vont marquer la victoire finale. Le reste du dépouillement ne sera plus suivi.

Ce n’est que plus tard que l’on apprendra le score final 43 voix contre 31. « Impensable, incroyable, inimaginable,… ! ». Que de superlatifs entendus au sein de ses partisans. Tous pour traduire le miracle de la victoire de Samuel Eto’o Fils, élu président de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT). Parce qu’il venait de réaliser la prise de la citadelle Fécafoot que quasi-tout le monde savait imprenable surtout dans un environnement où le président sortant et candidat à sa propre succession était organisateur de bout en bout du processus électoral. C’est dire si le défi ainsi relevé n’était pas du tout évident. « Malgré que nous avions réussi à obtenir l’accord écrit de 54 délégués, nous n’étions pas sereins. Tant, il est vrai que les acteurs du football camerounais ne sont pas sincères et n’ont pas le culte de la parole donnée», confie dans l’anonymat un des lieutenants du candidat Eto’o. Et d’ajouter : «La preuve, nous avion pu retourner des délégués qui avaient juré mordicus d’être acquis à la cause de Seidou, mais encore, sur les 54 délégués, nous avions enregistré simplement 43 voix. Suffisamment évocateur de nos craintes et de nos peurs ». Et de conclure : «Dieu est grand. Il l’a permis et Eto’o l’a fait. »

C’est dire, si cette victoire n’était pas évidente au départ. A 48 heures du scrutin, le candidat Eto’o avait regroupé à Nkoteng dans un centre touristique appartenant à une haute personnalité du gouvernement, seulement 30 délégués (soit 24 des régions du Littoral, Sud, Sud-Ouest, et Est, 05 des clubs professionnels, et 01 du Synafoc). Pour s’assurer de leur inaccessibilité, il les avait coupés de tout contact téléphonique avec l’extérieur. Pendant ce temps, Eto’o et sa Team s’attelaient à recruter les autres voix qui lui restaient pour s’assurer de la majorité absolue. C’est alors qu’il va personnellement mener une chasse sans pareil des électeurs. C’est ainsi qu’il va louer un avion pour aller personnellement récupérer les délégués de l’Extrême-Nord quelques heures plus tôt, avant que les émissaires de Séidou n’arrivent les prendre avec un vol régulier Camair-Co. Dès leurs arrivés à Yaoundé, Ils seront conduits immédiatement à Nanga-Eboko pour éviter tout cas avec l’adversaire. Après ce sera au tour, de cinq des six délégués du Nord-Ouest qu’un membre du gouvernement roulant pour Séidou avait mis aux petits soins, qui se feront aussi happer dans un hôtel à Obili pour regagner le camp de retranchement d’Eto’o.

Malgré cette majorité assurée de 41 voix, le candidat Eto’o ne va pas lâcher prise, il va opter pour la division des délégués des régions acquis à Seidou. C’est ainsi qu’il va retourner en grande pompe Nyassa Roger (Soleil) et obtenir l’accord tacite du Maire Yoki Onana. Deux délégués du Centre. Ce qui va lui permettre de se conforter un sommier électoral confortable de 43 voix. Pour la Team Eto’o, cette élection était une question d’honneur. Plus que Séidou, il y avait tout à perdre. Sa détermination se justifiait du fait que son amour propre avait été blessé lors de la tentative de conciliation de Kinshasa. Après son refus de prendre la 1ère vice-présidence, Seidou Mbombo Njoya lui avait promis une défaite humiliante. Conscient que la Fécafoot représente un des piliers sur lequel le pouvoir assoit son pouvoir, il ne fait pas de doute qu’on n’est pas élu président de la Fecafoot si on n’a pas l’onction du palais d’Etoudi. Toutes ses rencontres avec des hautes personnalités du sérail et des capitaines d’industries n’étaient pas anodines. Il a travaillé d’arrache-pied pour contourner la désaffection que certains membres du gouvernement avaient affichée à l’égard de sa candidature. Ce n’est pas donc pas bénin lorsque dans son allocution de tout nouveau président de la Fécafoot à la fin de l’AG élective, il va remercier les autorités pour avoir permis qu’il déroule sa campagne en toute sérénité.

Mathieu Nathanaël NJOG

Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun

 

Retour à l'accueil