INFLATION 

Partagés entre une répercutée des prix des importations à la hausse sur les consommateurs comme le font malicieusement déjà certains, ou l’arrêt pur et simple des importations vers le Cameroun des produits de grande consommation, l’ultimatum des entreprises membres du GICAM est vu sous un prisme positif par les promoteurs du made in Cameroun.

Dans un communiqué rendu publique le 9 novembre 2021 sanctionnant « la concertation des entreprises sur la flambée des prix à l’importation », le Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM) principal organisation des chefs d’entreprises envisage « purement et simplement l’arrêt des activités d’importation et de production au 1er janvier 2022 ». Une position qu’il soutient en arguant que ses membres font face « à une impasse de taille ». Avec une situation des entreprises qui continuent à se dégrader en raison des ruptures d’approvisionnement, ainsi que de l’absence de visibilité sur les ventes. «Cette incertitude tient à la difficulté de répercuter les fortes hausse des coûts d’approvisionnement sur les prix des ventes des produits », justifient-ils. Ce d’autant plus qu’entre août 2020- et août 2021, le surcoût du transport des conteneurs de 20 pieds est passé à + 243 % de son prix, tandis qu’un conteneur de 40 pieds a affiche désormais un surcout de + 320%. Pendant la même période, le fret a connu une revalorisation  de 200 % à 400 %. A l’instar des matières oléagineuses et pétrolières.

La mise en application de cette menace va entrainer « le risque de défaut d’approvisionnement des marchés et présentera un risque de crise alimentaire à des conséquences sociales inévitables », reconnait le GICAM. Ceci à l’instar des émeutes de la faim qui ont embrasé une partie de l’Afrique en général et le Cameroun en particulier en début d’année 2008. Ce qui contraste avec ses appels récurrent à « la responsabilité des entreprises, des consommateurs et des populations», afin de préserver la paix et la cohésion sociale. Toutefois, le Groupement continue de demander comme c’est le cas lorsqu’un invité de marque (Membre du gouvernement ou Dirigeants des institutions internationales) arrive au siège du GICAM, « la tenue urgente d’une véritable concertation entre le Gouvernement et le secteur privé qui garantirait les chances de convenir des mesures adaptées pour se sortir des difficultés actuelles». Notamment, le GICAM plaide pour  que le gouvernement publie une nouvelle grille des prix de vente harmonisés, octroie des subventions, décide des allègements fiscaux (réduction du taux de TVA, allègement ou suspension de l’acompte dans certains secteurs, suspension des contrôles etc.), suspende des taxes parafiscales et de certaines taxes portuaires, réadapte des appuis Covid-19 au secteur stratégique, réactive et/ou maintient en 2022 des mesures exceptionnelles instaurées en 2021.

Surtout que le GICAM ne cesse de tirer la sonnette d’alarme qu’à l’allure où s’enlise la situation. Faisant observer que les entreprises membres qui ne pourront plus s’ajuster seront contraintes de fermer. Déjà qu’au stade actuel, cette situation ne va pas sans conséquences. Depuis la paralysie du système socio-culturelle et économique dues à la pandémie de covid-19, la production et le fonctionnement des entreprises camerounaises sont marqués par des licenciements, faillites, arrêts d’activités,… Mais l’économiste Louis-Marie Kakdeu y voit dans cette démarche du GICAM rien de plus qu’un chantage. Soutenant que le GICAM « est une association dominée par les commerçants c’est-à-dire des opérateurs économiques qui ne créent pas localement les richesses. Ils trouvent plus intéressants d’importer les produits fabriqués à l’étranger en vue de réaliser quelques fois jusqu’à 300% de marge bénéficiaire ». Et contribue plus au déficit de la balance commerciale en faisant exploser les importations qui sont passés entre 2015-2020 de 700 à 1400 milliards de FCFA rien qu’en denrée alimentaire entre 2015 et 2020. A contrario, Kakdeu y voit en la menace de l’arrêt des importations par les entreprises membres du GICAM une opportunité pour le made in Cameroon qui pourrait être boosté du fait de l’absence d’une « concurrence déloyale appliquée au produit locaux ».

Mathieu Nathanaël NJOG

Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun

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