CAMWATER

Face à la récurrence de l’absence de l’approvisionnement en eau potable dans certains quartiers, les habitants sont allés manifester le mardi 23 novembre 2021 devant l’entrée de la direction générale de Camwater.

Une dizaine d’hommes et de femme munis de bouteille d’eau en plastique vide et partie des quartiers Bépanda Petit Wouri, Maképé 1 Missoke, Bépanda Maturité ont fait un sit-in sous fond de « flasmob » qui est une mobilisation rythmée par  une chorégraphie artistique en guise de protestation devant l’entrée principale de la Direction générale de Camwater à Douala-Koumassi. C’est l’expression d’un ras-le-bol face à l’absence d’approvisionnement d’une part et d’autre part de l’absence de l’extension du réseau de distribution de l’eau potable dans la ville de Douala par la société publique chargée de la production, la distribution et de la commercialisation de l’eau potable au Cameroun. A l’initiative du mouvement « ON EST ENSEMBLE » qui a pour slogan « s’organiser pour mieux se faire entendre », les habitants de ces quartiers qui se plaignent que leurs robinets restent à sec pendant des mois, les obligeant de parcourir des longues distances pour aller s’approvisionner en eau à la potabilité douteuse dans des forages et puits des particuliers contre le paiement d’un montant de 25 francs CFA le sceau de 10 litres.

Ce qui au bout devient un coût onéreux et grève considérablement les revenus des ménages majoritaires vivant dans des conditions difficiles qui déboursent au final plus ou moins 10 000 FCFA  le mois là où ils payaient 2 500 à 6 000 FCFA de consommations auprès de Camwater. A cela, il faut ajouter, à leur grande surprise que malgré cette situation de non approvisionnement en eau potable, les agents de Camwater continuent de distribuer des factures mensuelles pour un service non offert mais que ces ménages doivent payer sous peine de se voir débrancher du réseau de distribution. D’autres se plaignent de l’absence de l’extension de leurs quartiers par le réseau de distribution de Camwater pourtant, ils ont multiplié les procédures de demande de raccordement au réseau de distribution qui passent dans les quartiers voisins. C’est au total 700 ménages recensés dans les quartiers Bepanda Petit Wouri, Makepe 1 Missoke, Makepe Maturité et Grand moulin, qui désirent ainsi être connectés au réseau de distribution Camwater. « Plusieurs d'entre eux ont la volonté de se connecter au réseau Camwater, et à payer les factures dues chaque mois, mais ils expliquent que le réseau principal est très éloigné de leurs domiciles », confie Mama Njikam.

Le Mouvement «ON EST ENSEMBLE » affirme avoir adressé à la Direction générale des courriers relatifs à la demande d’extension du réseau et à l’exécution des branchements déjà payés, mais aucune action concrète n’a suivie. Pourtant, en décembre 2019 et en mars 2021 des agents du service technique de Camwater Deido ont effectué le métrage dans trois des quartiers concernés, mais aucune installation n’a été effectuée jusqu’ici. Pourtant, les agents concernés disent avoir envoyé leur apport et les cartographies à qui de droit. « Après plusieurs relances, il nous affirme que le dossier a été orienté vers la direction des infrastructures, qui n’a jamais contacté l’association pour indiquer le niveau d’avancement du projet », confie un des habitants. A la suite de cette mobilisation, les porte-paroles de l'association ont été reçus par les représentants du DG de Camwater, puis une descente au quartier Makepe Missoke a suivi pour permettre de toucher du doigt la réalité des révenfdications. Les engagements pris sont les suivants : - Le projet d'extension du réseau d'eau débutera en 2022 dans les quartiers et un calendrier sera établi pour donner suite à une concertation avec le DG ; - La procédure de branchement sera facilitée afin de permettre aux ménages de se connecter à un cout raisonnable ; - Les branchements non exécutés seront rétablis dans une dizaine de jours maximum.

Pour les manifestants, ils espèrent que cette énième descente n’a pas été la poudre aux yeux, auquel cas ils reviendront au premier trimestre 2022, cette fois avec des actions de protestation plus bruyantes. Selon la Banque Africaine de Développement, 67% de Camerounais n’étaient  pas connectés au réseau d’adduction d’eau en 2010. La situation n’a pas trop évoluée puisque même dans les grandes villes telles que Douala, Yaoundé, la couverture du réseau de distribution en eau potable avoisine les 60% de la population. La Déclaration du 28 Juillet 2010 de l’ONU fait du « droit à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires, un droit de l'homme, indispensable à la pleine jouissance du droit à la vie ». L’OMS pour sa part soutient que le manque d’accès à une eau de qualité est source de nombreuses maladies, comme le choléra, la typhoïde, la diarrhée, ou certaines hépatites. Les maladies d’origine hydrique représentent en effet le principal problème de santé publique dans un pays comme le Cameroun.

 
Mathieu Nathanaël NJOG

Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun

 

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