Condamné, le PDG d’Orange Monde vers la sortie ?
24 nov. 2021Affaire Tapie-Crédit Lyonnais
Stephane Richard, PDG du Groupe Orange Monde depuis 2010, a été condamné ce mercredi 24 novembre 2021 dans l’affaire de feu Tapie contre Crédit Lyonnais. Il est ainsi rattrapé par ses anciennes fonctions de Directeur de cabinet de Christine Lagarde. La décision met en jeu son avenir à la tête du groupe de téléphonie français. Stéphane Richard entend se pourvoir en cassation.
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L'actuel PDG du Groupe Orange Monde a été condamné, mardi 23 novembre 2021 par la Cour d'appel de Paris, à un an de prison avec sursis et 50 000 euros (environ 32,7 millions FCFA) amende pour complicité de détournement de biens publics, dans l'affaire de l'arbitrage frauduleux de 2008 qui avait rapporté 404 millions d'euros (264, 216 milliards FCFA) à Bernard Tapie dans l'affaire qui l’opposait au Crédit Lyonnais. Ce qui met en mal son maintien à la tête du Groupe de téléphonie français au regard des principes de gouvernance édictés par le gouvernement concernant les patrons de groupes publics. Malgré sa volonté de se maintenir aux commandes du Groupe Orange Monde, on apprend qu’une session du Conseil d’administration extraordinaire a été convoquée ce jeudi 24 novembre pour discuter de la gouvernance du groupe de télécoms français après la condamnation de son PDG, Stéphane Richard et surtout d’évoquer la question de sa succession puisqu’il pourrait être destitué de ses fonctions après cette décision de la justice. Le mandat actuel de Stéphane Richard, le troisième aux fonctions de PDG qui court jusqu'en mai 2022 est menacé ce d’autant que dans le gouvernement, il y a un principe sans équivoque qui martèle régulièrement que les patrons des groupes publics doivent démissionner en cas de condamnation.
C’est dire si l’avenir au sein du groupe et surtout la succession de l’ancien Directeur de cabinet de la Ministre de l’Économie de l’époque, Christine Lagarde est au cœur du débat. En dépit du fait qu’il manœuvrait déjà pour rester dans le top management du Groupe d’Orange Monde. Lui qui avait clairement indiqué quelques mois avant la sentence, son souhait de rester président quatre ans de plus, en proposant d’éclater pour la première fois la fonction de PDG en dissociant celle de Président du Groupe et celle de Directeur général du Groupe. Il ne fait pas l’ombre d’un doute que cette potentielle candidature est désormais remise en question, ainsi que son maintien comme PDG jusqu'en mai prochain. Au sortir de l’audience, après sa condamnation, qu’il a qualifiée d’une décision incompréhensible et profondément injuste, il a annoncé son intention de se pourvoir en cassation. Est-ce suffisant pour repousser l’échéance de sa sortie? Difficile de jouer les mages. Mais l’ancien haut fonctionnaire a d’ores et déjà déclaré à la presse qu’il ne s’accrocherait pas à son poste de PDG à l’issue de son mandat actuel de quatre ans, qui prend fin en mai 2022.
Sa volonté d’aller au terme de son mandat risque de s’évanouir. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, à l’issue du conseil des ministres, ce mercredi a déclaré : « Nous prenons acte de la décision qui a été rendue, un Conseil d’administration qui se tient aujourd’hui va tirer toutes les conséquences de cette sentence». Situation aggravante, Stéphane Richard, avait jusqu’ici nié toute infraction, lui qui était accusé de complicité d’escroquerie et dans l’affaire de détournement de fonds publics dans le processus d’arbitrage à l’issue duquel le désormais défunt Bernard Tapie avait reçu quelque 404 millions d’euros en 2008.
Pire encore, la sentence contraste avec la relaxe prononcée en première instance dans le même dossier il y a deux ans. Mais cette fois-ci, le prononcé de la décision a été sévère à l'encontre de Stéphane Richard, à l'époque des faits, Directeur de cabinet de la Ministre de l'Economie, Christine Lagarde. « Il a commis des actes graves », souligne la Cour, en privilégiant les intérêts de Bernard Tapie au détriment de ceux de l'Etat, qu'il était censé défendre.
Il faut préciser que Stéphane Richard n’en est pas pour autant à sa première affaire. Il avait déjà fait l’objet, en 2007, d’un redressement fiscal d’un montant de 660 000 euros (environ 421, 640 milliards FCFA) sur ses revenus de 2000 à 2003. Une « pénalité de mauvaise foi de 5 % » lui avait été infligée. L'Etat français, premier actionnaire du Groupe Orange Monde avec 23% du capital et deux sièges d'administrateur, aura son mot à dire. Une éventuelle mise à l’écart de Stéphane Richard rebattrait les cartes de sa succession. L'Etat pourrait privilégier l'arrivée d'un président venu de l'extérieur, voire de l'étranger, pour former un binôme avec un DG issu des rangs d'Orange. En interne, les candidats potentiels ne manquent pas. En embuscade, on cite l’actuelle patronne d'Orange France, s Fabienne Dulac, le DG de la filiale espagnole, Jean-François Fallacher, le patron de l'innovation, en passant par Michaël Trabbia, ou encore le DGA en charge des finances et de la stratégie, Ramon Fernandez.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans L'essentiel du Cameroun