AFFAIRES DES 5 MILITANTS DE SUFC

Les débats ouverts au Tribunal militaire de Douala ont révélé plusieurs anachronismes sur l’affaire des cinq jeunes de Stand Up For Cameroon qui ont été enlevés par des gendarmes en civil le 18 septembre 2021 et qui en courent la prison à vie.

Après un an de détention à la prison  centrale de Douala où ils sont placés sous mandat de dépôt provisoire,  les cinq jeunes de Stand up for Cameroon (SUFC) qui sont poursuivis pour « conspiration de révolution et d’insurrection », délits pour lesquels, ils encourent la prison à vie, ont vu leur affaire enrôlée pour la première fois le 14 avril 2021. Audience qui avait été d’emblée renvoyée pour composition irrégulière du tribunal. Par la suite, les prévenus et leurs conseils ont dut ronger leurs freins à la suite plusieurs autres renvois pour des raisons spécieuses. Finalement, c’est à l’audience du 15 septembre 2021 que les débats ont été ouverts. Avec l’exécution de la cross-examination et de l’examination in chief au cours de laquelle, les prévenus ont été soumis à un interrogatoire respectivement du Commissaire du gouvernement et de leur collège d’avocats. Des débats qui ont permis à l’auditoire d’en savoir davantage sur cette nébuleuse. On apprendra ainsi que Moussa Bello, Ntsama Etienne, Mira Angoung, Collins Nana et Tehle Membou ont été enlevés par des gendarmes en civil le 18 septembre 2020 devant la station-service Gulfin au quartier Bali alors qu’ils cheminaient calmement à la recherche d’un taxi pour regagner leur domicile respectif, après être sortis fraîchement de la réunion hebdomadaire que tenait le mouvement SUFC tous les vendredis.

Ils arboraient des vêtements de couleur noire en adhésion aux vendredis en noir (Black Friday) lancés depuis 2018 par SUFC qui est une dynamique de partis politiques, organisations de la société civile et citoyens camerounais. Sans aucun mandat ni titre justice, ils ont été conduits dans un premier temps vers une destination inconnue et gardés au secret pendant plusieurs jours sans possibilités d’accès à leurs conseils, à leurs familles et aux soins médicaux. Pendant leur exploitation ils ont subi des traitements inhumains et dégradants et des aveux leur ont été extorqués par la torture durant leur garde à vue. Sous l’effet de cette torture atroce, Tehle Membou sera victime d’un déboîtement de la mâchoire. Les documents médicaux des soins reçus parmi lesquels une intervention chirurgicale pour remettre la mâchoire en place a curieusement disparu de l’administration médicale et de l’administration pénitentiaire. Au cours des débats, les prévenus vont réfuter les PV des auditions des enquêtes préliminaires qui seront les seules éléments de preuve qui leur ont été opposés. Soutenant qu’ils ne se reconnaissent pas dans leurs contenus et affirmeront que les signatures qu’ils y ont apposées, étaient sous l’effet de la bastonnade.

 

Dans les PV des auditions des enquêtes préliminaires menées par des officiers de police judiciaire de gendarmerie, on y apprend que les prévenus ont reconnu être des militants du MRC et sortaient d’une réunion en prélude à la marche pacifique que projetait d’organiser le MRC le 21 septembre 2021 où il était envisagé de paralyser les institutions de l’Etat. Or, ces jeunes sont des militants du CPP, et la réunion à laquelle il avait pris part était celle du SUFC. Au cours de laquelle il avait été clairement annoncé la désolidarisation et la non-participation de cette organisation à cette marche du MRC. Un communiqué officiel du CPP en fait foi. Mais aussi le PV indique que la réunion était dirigée par la présidente nationale du CPP, Kah Walla. Pourtant, ce même 18 septembre 2020, elle était aussi interpellée à Yaoundé en compagnie d’autres militants à l’instar de Franck Essi. Autant de contre-vérités qui ont donné aux conseils de la défense des arguments pour étayer leurs plaidoiries et soutenir que certainement il y a eu erreur sur les personnes interpellées. Raison pour laquelle, ils ont sollicité du Tribunal de les déclarer non coupables et les relaxer purement et simplement.

Mathieu Nathanaël NJOG

Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun

 

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