CRISE SECURITAIRE

Le rapport du mois de septembre 2021 présenté le 15 octobre  2021 par le  groupe de travail fait état de ce que le Cameroun est un pays en proie à plusieurs poches de tensions et de fragilité qui favorise la persistance des violences et des violations des droits humains.

Le groupe de travail que compose Stand Up for Cameroon (SUFC) et l’Ong Un Monde Avenir (1MA) a après son dernier rapport du mois de juin 2021, présenté le 14 octobre 2021 le rapport du mois de septembre 2021 sur les droits humains au Cameroun. Il en ressort que le contexte a été particulièrement tendu et marqué par des violences qui se poursuivent dans les régions en crise (Nord – Ouest, Sud – Ouest et Extrême – Nord), auxquelles s’ajoutent des tensions particulières liées à la rentrée scolaire, les difficultés socio – économiques qui renchérissent le coût de la vie, des mouvements de protestation des populations et des pressions accrues des autorités camerounaises sur les organisations non gouvernementales nationales et étrangères. Les statistiques sont évocatrices  et indiquent que dans les régions de crises, au moins 73 incidents violents ont été répertoriés. Ils se répartissent en 32 incidents meurtriers, 26 incidents non meurtriers, 02 arrestations illégales, 03 incendies, 04 explosions, 05 kidnappings et 01 cas de violence basée sur le genre. Ces incidents meurtriers ont entraîné la mort d’au moins 90 personnes dont 73 dans la crise au Nord-Ouest et Sud-Ouest, 11 dans la lutte contre Boko Haram et 06 dans d’autres régions du pays. Et au moins 35 personnes ont été kidnappées dont 26 dans l'Extrême-Nord et 09 dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Portant ainsi à un total global depuis le mois de janvier 2021 que le Groupe de travail est mis sur pied au moins 631 personnes tuées dont 210 dans le conflit contre Boko Haram et 421 dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Au moins 189 personnes kidnappées dont 97 dans le conflit contre Boko Haram et 92 dans le Nord-Ouest et le Sud – Ouest. Et au moins 51 explosions et incendies sont provoqués par les groupes en lutte dans les régions de l'Extrême- Nord et les régions anglophones.

Le groupe de travail fait remarquer qu’entre le mois de juin et de septembre 2021, il y a une persistance et une recrudescence des violences dans le conflit anglophone où il a dénombré au moins 80 incidents meurtriers et au moins 226 personnes tuées à la suite de ces incidents violents. Et surtout au cours du mois de septembre 2021 une augmentation sensible du nombre d’éléments de forces de défense et de sécurité tués en particulier avec au moins 40 morts dénombrés contre au moins 19 morts dénombrés du côté des séparatistes lors des opérations de riposte des forces régulières. Et en victimes collatéraux, les civils continuent d’être affectés par le déploiement des forces de défense et de sécurité ainsi que les groupes armés séparatistes. A l’analyse de ces données, le Groupe de travail  est arrivé aux observations suivantes : - La recrudescence des incidents violents entre les forces armées régulières et les groupes séparatistes ; - La résistance des groupes armés séparatistes qui semblent s’être dotés d’équipements de qualité supérieure ; - Une série de coups sérieux portés aux forces régulières par les séparatistes qui a obligé le haut commandement militaire à revoir sa stratégie et à renforcer les moyens déployés. Toute chose qui inquiète le groupe de travail qui entrevoit dans les jours à venir, une probable intensification des opérations militaires. Ce qui fait dire qu’«il est à redouter dans un pareil contexte les conséquences négatives pour les populations». A L’instar : - Des arrestations illégales et abusives ; - Des actes de torture et des traitements inhumains ; - Des violations de domicile et des destructions de biens privés ; - Des assassinats et des exécutions sommaires ; - Des déplacements forcés des populations à l’intérieur et à l’extérieur du territoire. Pour conclure que : «La situation dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest est loin d’être sous contrôle ».

Le Groupe de travail propose que deux ans après la tenue du Grand Dialogue National dont les résolutions tardent à porter les fruits escomptés, à l’instar de de parvenir à une désescalade des violences, il y a lieu de poursuivre les objectifs suivants : Deux ans après la tenue du Grand Dialogue National, pour obtenir une désescalade des violences, Le Groupe de travail souligne la nécessité de poursuivre les objectifs suivants : - L’obtention d’un cessez – le – feu. Sans le cessez – le – feu, la recherche d’une solution politique restera difficile. - La libération des personnes arrêtées de manière illégale et détenues en violation des différentes lois et conventions officielles. - Libérer les activistes et manifestants non – violents arrêtés dans le cadre de la crise. - Entamer un dialogue du bas vers le haut, commençant dans les 13 départements des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Le dialogue doit aborder tous les aspects de la crise et tous les acteurs importants. Le dialogue doit être facilité par un pool de personnalités indépendantes, compétentes et crédibles, agréé par la majorité des protagonistes. - Poser les bases d’une véritable justice transitionnelle qui permette d’établir la Vérité sur les événements, la Justice pour les victimes et la Réconciliation.

Mathieu Nathanaël NJOG

Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun

 

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