Conférence - Atelier

L’Association Camerounaise d’Education aux Médias a organisé, le 23 septembre 2021 à l’hôtel Bano Palace, une conférence-atelier visant à outiller des journalistes sur la lutte contre la fausse information à l’aire des réseaux sociaux.

Le Journaliste, Maître de conférences en sciences de l’Information et de la communication et Directeur de l’Ecole publique de journalisme à l’Université de Tours (France) était à Douala au Cameroun où il a animé une série de formations sur la lutte contre la fausse information. Profitant de son séjour, l’Association Camerounaise d’Education aux Médias (EDUK-MEDIA) a saisi cette opportunité pour organiser une conférence-formation à l’intention des journalistes et de tous les non professionnels, qui, à la faveur de l’avènement du numérique consomme, produise et diffuse des informations aussi vraies que fausses. «Etant arrivé au constat que tout le monde devient producteur de l’information ce qui devient difficile pour les journalistes de se démarquer dans cet environnement diffus, nous sommes arrivés à la conclusion qu’on peut faire dans l’éducation média afin de susciter en chacun des acteurs l’esprit critique en les donnant les rudiments qui les permettent de faire dans la vérification de l’information même sans être journalistes », soulignera Blaise Pascale Andzongo, le Président d’EDUK-MEDIA.

Entretenant les participants sur le thème : « Le rôle des médias dans la lutte contre les fausses informations », Laurent Bigot va d’emblée indiquer que cette lutte se fait avec un mécanisme dénommé le fact-checking qui est une pratique journalistique consacrée à la vérification des faits, arguments, chiffres… Et de rappeler qu’elle date de 1920 lorsqu’aux Etats-Unis des journaux comme le Times vont appliquer une vérification exhaustive et rigoureuse sur les noms, dates, faits, chiffres,… dans l’ensemble des contenus avant leur publication. Rappelant que sous d’autres cieux, certains médias confient ce travail aux secrétaires de rédactions et aux secrétaires d’édition. Avec le grand boulevard de la circulation de l’information que va ouvrir les réseaux sociaux, la vérification systématique des articles dévient une obligation pour les journalistes et les médias. A tel enseigne qu’elle devient une science qui est enseigné dans les écoles de journalisme. Comme lui, certains, sur la base d’importants travaux de recherche, en sont devenus des experts en fact-cheking. Ainsi depuis les années 2000, il s’est développé un travail de vérification appliqué aux propos des personnalités politiques. C’est ainsi que sont créés des Ecoles média sur le fact-cheking politique.

Le Cameroun dans la danse

Ce travail a permis de distinguer deux types de fausses informations : les fake news qui sont des fausses informations créées intentionnellement pour nuire ou encore appelées désinformation, et les falses news qui sont des fausses informations véhiculées par erreur, par manque de vérification ou par autre motif, encore qualifié de mésinformation. Le phénomène prenant des proportions, en 2016 le travail de vérification a porté son champ d’application aux rumeurs et à toute sorte de désinformation. Donnant ainsi lieu à un mécanisme de vérification appelé le debunking. Il est question pour le journaliste de parcourir les réseaux sociaux, les plateformes internet, les bulles de filtre pour repérer les publications et propos suspects qui trouvent un large échos au sein de l’opinion, et par la suite les vérifier en croisant plusieurs sources afin de les déclarer « vraie » ou « fausses ». C’est ainsi que depuis 2016-2017, les journalistes qui ont été acteurs de l’émergence de ce fact-cheking politique sont en première ligne pour organiser la lutte contre les fausses informations ou le debunking. La menace est de plus en plus forte que dans le monde, ils se constituent progressivement des coalitions des journalistes ou des médias ainsi que des agrégateurs mis en place par certains moteurs comme Google, facebook,… pour lutter contre la fausse information. Au Cameroun, Laurent Bigot avec le soutien de CFI et d’autres partenaires travaille à mettre en place un projet similaire dénommé : « DESINFOX AFRIQUE CAMEROUN) autour des médias que sont : Data Cameroun, Equinoxe TV, Stopintox et The Guardian post newspaper.

L’enjeu de la crédibilité de l’information est devenu plus présente que des médias ont instauré d’autres méthodes internes pour recrédibiliser les informations à l’instar de la certification de l’information, l’auto-régularisation ou labellisation des médias et d’autres initiatives basées sur les technologies de signalement en direct des fausses informations qu’on peut consulter en ligne. Mais Laurent Bigot croit aussi que l’éducation aux médias est une initiative qui peut porter des fruits escomptés dans cette lutte contre la fausse information, malheureusement, les actions sont encore insuffisante, peu de moyens sont mis à la disposition des étudiants, et la prise de conscience est tardive lorsqu’elle existe. Avant de conclure que l’objectif n’est pas d’éradiquer totalement la circulation de la fausse information, mais de la réduire car même les Etats sont des grands producteurs de la fausse information pour des objectifs de manipulations de l’opinion publique. De même, il reconnaîtra qu’en Afrique malgré les difficultés liées à la qualité du réseau internet et au coût de l’internet, il reste que la mise en place des mécanismes de lutte contre les fake news et les falses news sont nécessaires et doivent être mis en place.

Mathieu Nathanaël NJOG

Article a publié dans le journal L'essentiel du Cameroun

 

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