Un géant au pied d’argile
23 août 2021AFRIQUE CENTRALE
La sous-région Afrique centrale regorge d’énormes potentialités, suffisantes pour relever le standard de vie de ses 50 millions d’habitants et par ricochet prendre son autonomie économique, financière et monétaire.
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Lors de la participation de la CEMAC aux différents rendez-vous internationaux sur le financement des économies africaines, l’Afrique centrale a été un sujet d’attractivité après la présentation de ses énormes potentialités d’investissement. C’est ainsi que de la présentation du président de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) Fortunato-OFA MBO NCHAMA, lors du sommet de Paris de Novembre 2020, il ressort que contrairement à ce que certaines pourraient penser, l’Afrique Centrale n’est pas une région pauvre. Au contraire, il s’agit d’une zone d’immenses richesses naturelles qui offre d’importantes opportunités aux investisseurs. Sur le plan agricole, le potentiel de l’Afrique centrale figure au premier plan des richesses du continent. Avec le Bassin du Congo, notre sous-région détient 19% des forêts tropicales du monde. Elle dispose en outre de près de 1,7 million de mètres cubes de ressources en eaux renouvelables et 261 millions d’hectares de terres arables.
Malgré les fluctuations baissières des cours du pétrole sur le marché mondial, au niveau des hydrocarbures, l’Afrique centrale est dans le peloton de tête de la production pétrolière au niveau du continent, grâce aux réserves prouvées d’environ 31,3 milliards de barils, soit 28% des réserves totales de pétrole brut, ainsi que 600 giga-mètres cubes de réserves gazières. En ce qui concerne les mines et pour reprendre une expression bien connue, « l’Afrique centrale est un scandale géologique au regard de ses potentialités », ce d’autant plus que la sous-région regorge d’énormes quantités de fer, de manganèse, de diamant, de cuivre, d’or et même de terres rares. Sur le plan énergétique, avec un potentiel hydroélectrique prouvé de 150 Giga Watts, la sous-région Afrique centrale concentre à elle seule 58% du potentiel du continent, dont à peine 10% est actuellement exploité.
Avec un littoral qui s’étend sur près de 3 600 km et une zone économique exclusive d’environ 1,2 million de kilomètres carrés, l’Afrique centrale offre de grandes opportunités en matière de pêche et d’exploitation des ressources halieutiques. Enfin, grâce à une population jeune, dynamique et bien formée, notre sous-région dispose d’une main d’œuvre qui ne demande qu’à être convenablement utilisée. Cependant, en dépit de tous ces atouts et ce grand potentiel, l’Afrique centrale demeure malheureusement la partie la moins développée et la moins intégrée du continent. Pourtant, avec ses 50 millions d’habitants, les experts s’accordent à dire que si le taux d’intégration actuelle qui est de 03% passait à 20 à 25%, verrait décupler son PIB.
A titre d’illustration et façon non exhaustive, dans la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) il est donné de relever que : - Le taux d’accès à l’électricité est de 17%, contre une moyenne de 40% en Afrique ; - La consommation moyenne annuelle d’énergie par habitant est de 400 kilowattheures, contre une moyenne de 567 kilowattheures en Afrique ; - Le taux de bitumage des routes du réseau prioritaire est de 16%, contre une moyenne de 28% en Afrique ; - Seuls trois couples de capitales ou de grandes villes sont reliés par des routes entièrement bitumées ; - Le taux d’accès à internet à large bande est de 9%, contre une moyenne de 50% en Afrique. Des chiffres qui montrent les efforts à fournir pour arrimer la zone CEMAC à la modernité et améliorer les conditions de vie de nos populations.
C’est dire qu’avec le lancement en 2019 de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAF), l’Afrique Centrale devrait devenir ce pôle d’industrialisation où l’on pourra produire non seulement pour le continent, mais aussi pour le reste du monde. Ce d’autant plus que cette zone détient les matières premières et la matière grise pour y parvenir. « Notre sous-région est un diamant brut qui doit encore être poli pour donner tout son éclat », soulignera le Président de la BDEAC. Malheureusement, les Chefs d’Etat de la CEMAC au sortir du dernier Sommet extraordinaire du 18 août 2021 sont encore restés sur des vœux pieux pour capitaliser tout ce potentiel. En réaffirmant simplement : « leur ferme volonté de promouvoir et d’approfondir l’intégration régionale, à travers la consolidation de la libre circulation des personnes et des biens, la promotion de l’économie numérique, la construction des infrastructures régionales, l’accès durable à l’énergie et la mise en œuvre des onze projets intégrateurs prioritaires ».
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun