CONVOCATION DU DG DU PAD AU TCS           

Une convocation invitant le Directeur général du Port Autonome de Douala à se présenter ce mercredi 18 août 2021 à la Division du Corps Spécialisé d’Officiers de Police Judiciaire du Tribunal Criminel Spécial est abondamment partagé sur les réseaux sociaux. Une dénonciation de l’ancien gestionnaire des actifs résiduels de l’ex-ONPC

Malgré qu’elle soit frappée du sceau confidentiel, la Lettre-Convocation N°0001305/TCS/PG/CSOP/DE/S-CP MB du 13 août 2021, invitant le Directeur Général du Port Autonome de Douala (PAD), Cyrus Ngo’o à se présenter ce mercredi 18 août 2021, au siège de la Division du Corps Spécialisé d’Officiers de Police Judiciaire du Tribunal Criminel Spécial (TCS) est partagé sur les réseaux sociaux et fait l’objet d’un ramdam de certains médias électroniques. On peut y lire que c’est «pour faire suite aux instructions de Madame le Procureur près du Tribunal Criminel Spécial contenues dans sa correspondance N°350/CF/21/31/AP/PG/TCS du 14 juillet 2021 prescrivant l’ouverture d’une enquête pour détournement de dernier publics au Port Autonome de Douala » que le Commissaire Division William Ako Petis agit. Selon nos informations, la dénonciation est faite par Lazare Atou, Administrateur Directeur Général du Cabinet éponyme. Ce dernier, y est passé bien avant pour faire sa déposition devant le même enquêteur. Selon, notre source, il dit avoir des preuves de malversations dans la conception et l’exécution du marché spécial N°2018/0001/SG/PR du 13 avril 2018 relatif au Projet de sécurisation du périmètre et le contrôle des accès du port de Douala/Bonabéri. Le montant incriminé est de l’ordre de 31 milliards francs CFA. Rappelons que le 06 octobre 2011 à Douala, le Président Paul Biya, dans son discours de campagne avait spécifiquement évoqué ce projet parmi les grandes réalisations de son septennat concluant que Douala doit devenir le port de référence dans le golfe de Guinée. Soulignant que : « L'installation d'un système de surveillance du port et de la côte permettant une surveillance et une gestion efficace du trafic maritime et d'un système de contrôle biométrique et périmétrique des entrées de l'enceinte portuaire de Douala,  la réhabilitation du balisage, des ouvrages d'acconage et des terrepleins du port autonome de Douala » Dixit le Président Paul Biya.

La sécurisation physique du périmètre et le contrôle des accès du port de Douala-Bonabéri, au-delà de la modernisation, la sécurité, la sûreté des navires, des marchandises, des recettes et des hommes, constitue un puissant dispositif de lutte contre la corruption et toutes les pratiques frauduleuses qui ont sérieusement écornées l'image de marque de cette entreprise. Selon les cadres du PAD, il s'agit donc d'un enjeu de performance, d'attractivité et de compétitivité. Il fait partie des marchés spéciaux prévus dans le régime général interne des marchés du Port Autonome de Douala (PAD) qui stipule en son article 72 que « les marchés spéciaux sont des marchés qui ne répondent pas pour tout ou partie, aux dispositions relatives aux marchés sur appel d’offre ou marché de gré à gré. Ils comprennent essentiellement les marchés relatifs à la défense nationale, à la sécurité et aux intérêts stratégiques de l’État ». L’alinéa 2 de cet article précise que ces marchés comportent des clauses secrètes pour des raisons de sécurité et d’intérêt stratégie de l’État et échappe de ce fait à l’examen des commissions des marchés prévu par la présente disposition. Et Ils relèvent de l’autorité de l’État. C’est pourquoi, c’est le Secrétaire Général de la Présidence de la République qui a signé ce marché spécial dont les documents circulent abondamment sur les réseaux sociaux pour des raisons évidentes. Faisant fi de toutes ses dispositions, Lazare Atou du Cabinet éponyme qui avait la gestion des actifs résiduels de l’ex-Office National des Ports du Cameroun (ONPC) dont le Port Autonome de Douala est un excroissance à la suite de la réforme portuaire de 1998, n’a toujours pas digéré qu’à la faveur du décret présidentiel N° 201034  du 24 janvier 2019 réorganisant le Port Autonome de Douala (PAD), il se voit dessaisir cette importante manne qu’il a usé et abusé au point d’en jouir sans avoir à rendre compte du moindre centime engrangé depuis plus de deux décennies.

Lazare Atou veut prendre sa revanche

Le décret présidentiel suscité, non seulement venait accélérer la réforme portuaire de 1998, mais encore venait conforter le nouveau staff dans le vaste processus de normalisation, de rénovation et d’innovation dans lequel il s’est engagé depuis 1997. Surtout que ce décret présidentiel de janvier 2019 permettait au Top management du PAD d’avoir une large marge de manœuvre afin d’être plus compétitif. Puisqu’il donne à l’institution portuaire plus de marge de manœuvre pour assurer pleinement ses missions de service public et de puissance publique pour le plus grand intérêt de l’économie nationale et la desserte du commerce extérieur. Ce d’autant plus que le décret présidentiel suscité boostait les compétences du PAD dans les domaines qui lui sont dévolus. A savoir : - la gestion, la promotion et le marketing du port de Douala-Bonabéri ; - l’organisation et la réalisation des travaux d’équipement, d’extension, d’amélioration, de renouvellement, de reconstruction, d’entretien du port et de ses dépendances. A cette liste, il faut ajouter la création et l’aménagement des zones industrielles et portuaires. L’autre fait important dudit décret du président de la République, ce sont les privilèges accordés au PAD. En son article 31, il dispose que : «le Port autonome de Douala dispose, pour le recouvrement de ses créances, des prérogatives et privilèges du Trésor, ainsi que ceux prévus par les actes uniformes de l’Ohada…». De même, le PAD a l’exclusivité de «la gestion de toutes les dépendances et les biens du domaine public portuaire, ainsi que le patrimoine de l’ex-Office National des Ports du Cameroun (ONPC)». Mettant ainsi fin aux litiges qui ont toujours opposé le PAD aux gestionnaires des actifs résiduels de l’ONPC (NDLR Cabinet Atou Lazare)  et vient mettre un terme au conflit d’autorité qui commençait à perdurer entre le PAD et le Ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières (MINDCAF). Il ne fait pas de doute que le texte présidentiel confère au PAD de nouvelles charges.

Mathieu Nathanaël NJOG

Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun

Retour à l'accueil