Les bailleurs de fonds et de la France imposent leur vision
23 août 2021CEMAC
Le Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de la Cemac du 18 aout 2021 avait porté les rêves et les espoirs de toute une sous-région. Au final, aucune attente n’a été satisfaite, en revanche, beaucoup d’engagements vis-à-vis des institutions partenaires au développement.
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En zone CEMAC, l’environnement économique a été fortement impacté en 2020 par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, la contreperformance de la production pétrolière et gazières, et surtout un retard dans la mise en place des programmes économiques et financiers de deuxième génération avec le FMI dans certains Etats membres ainsi qu’un léger relâchement dans la consolidation budgétaire de tous les Etats membres. Dans ce contexte, la CEMAC a connu une nouvelle récession de -1,7% en 2020 après celle de 2016. C’est au regard de cette situation critique que le 3è Sommet extraordinaire des Chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), s’est tenu le 18 août 2021 à Yaoundé par visioconférence.
Dans son discours d’ouverture, le Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC, Paul Biya, affirmera que «L’extrême pauvreté et les vulnérabilités ont rejailli brutalement dans notre espace sous-régional. L’atteinte des objectifs de développement durable en 2030 est aujourd’hui fortement compromise». Avant de reconnaitre que les efforts consentis jusqu’ici n’ont pas été efficaces au triple choc sanitaire, pétrolier et sécuritaire : «Sur toutes ces questions, nous avions ensemble engagé des réformes structurelles ambitieuses avec le soutien technique et financier de nos partenaires au développement. Mais, au regard des résultats atteints qui sont mitigés et davantage fragilisés par la crise sanitaire actuelle, la vitesse et l’envergure de leur mise en oeuvre sont à revoir».
Pour les observateurs avertis, l’issu des travaux n’a pas porté la promesse des fleurs. En lieu et place des décisions fortes attendues pour permettre aux pays de la sous-région de faire un saut qualitatif pour relever les défis qu’ils se sont fixés depuis 2009 « à savoir : - Rendre effective l’intégration régionale, - relever la croissance économique, - fusionner la CEEAC et la CEMAC, et – se doter d’une monnaie commune », les Chefs d’Etat de la CEMAC se sont contentés de donner des assurances et de prendre des engagements vis-à-vis des bailleurs de fonds pour continuer de bénéficier la permanente perfusion en cette période où les recettes pétrolières sont hypothétiques. «…, il conviendrait d’obtenir de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux une plus grande souplesse, en raison de la forte baisse des cours des matières premières».
Preuve s’il en était besoin que le sommet avait consisté à plaider pour un accompagnement des partenaires au développement qu’à prendre le destin de la sous-région Afrique centrale entre ses mains. Le communiqué final du Sommet extraordinaire des Chefs d’État de la CEMAC dans sa 24è recommandation encourage les États membres à finaliser et à conclure des programmes avec les institutions de Bretton Wood. «Exhorté les Etats membres concernés à finaliser et à conclure des programmes avec le FMI, en vue de conférer à la stratégie régionale de relance son caractère communautaire et solidaire, lui garantir le plus grand succès avec le soutien du FMI, de la BM, de la BAD, de la France et des autres Partenaires Techniques et Financiers », lit-on. Et le Président en exercice de la CEMAC dans son discours de clôture de souligner sans ambiguïté que : « C’est pourquoi, il est plus qu’urgent d’accélérer notre rythme de mise en œuvre des réformes structurelles afin de retrouver la vitalité économique ».
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal L'essentiel du Cameroun